La rue Notre-Dame, dans les quartiers Petite-Bourgogne et Griffintown, voit ses boutiques d’antiquaires fermer une à une, et les locaux repris par des restos de quartier. Les foodies ne s’en plaindront pas! Une des dernières pousses à être sorties dans le secteur n’a aucune enseigne visible. On peut facilement passer devant sans la remarquer. Il s’agit du Jane, baptisé à la mémoire de la maman du chef-proprio Ryan Dixon, qui a légué à son fils le goût de cuisiner.
L’endroit, de style pub, est cosy et fréquenté par une clientèle anglophone. La déco est sobre: tables de bois nues, murs jaune beurre qui conversent avec le noir du plafond, des chaises et des tabliers des serveuses. Le menu, écrit à la craie sur une ardoise au fond de l’établissement, se résume à cinq ou six entrées, trois plats principaux et une dizaine de pizzas. Lui font écho sur les autres murs: une ardoise de cocktails sexy et une autre pour la carte des vins dont la majorité des bouteilles sont des importations privées (mais pas les propositions au verre).
À table!
En entrée, on ne peut que chaudement recommander les "mom’s meat balls", de savoureuses boulettes pur porc servies dans une sauce tomate et coiffées de copeaux de pecorino romano et de quelques branches de rapini al dente. Expression d’une véritable cuisine de maman aimante, elles sont accompagnées d’une tranche de bon pain maison grillée.
Également dignes de mention: les crab cakes. Moelleux à souhait et servis avec une mayonnaise épicée, ils prennent la forme de quenelles enrobées d’une panure craquante qui ne goûte pas l’huile et n’écrase pas le goût délicat de la chair de crustacé. Équilibre atteint.
Je ne m’étendrai pas sur les plats du jour comme ce colin rôti avec ravioli de "mousseline" de poisson parfumé à l’aneth et surlonge de boeuf qui manquait de précision dans l’exécution. Ce qui vaut le détour chez Jane, c’est la façon unique dont Ryan fabrique ses pizzas. Tout d’abord, oubliez les rondes italiennes à pâte fine. Celles du Jane ont des rebords bien dodus et leur forme s’apparente à celle d’une grande queue de castor, à partager à deux. Secrets du chef: il utilise du miel dans sa pâte et fait cuire ses pizzas à 600 ºF dans un ancien four à gaz. Résultat: la pâte, bien craquante à l’extérieur et moelleuse à l’intérieur, est vraiment délicieuse.
Nous avons fait un sort à la Bianca, un mélange de sauce béchamel, pesto de basilic et purée de champignons porcinis, parmesan et mozzarella fondus, et d’un peu d’huile de truffe. Très surprenante! La prochaine fois, nous oserons peut-être essayer les improbables Schwartza (viande fumée, sauce moutarde, cheddar et cornichons) et Greekza (souvlaki, feta, olives, salade grecque, sauce tzatziki).
Petites douceurs
Les desserts sont annoncés de vive voix à la table. On parle ici d’une pointe de tarte à la mousse de chocolat, très honnête. L’autre proposition du jour est un feuilleté aux fraises et crème pâtissière, tout à fait acceptable. Même si, de son propre aveu, le chef "n’est pas très desserts", il arrive à se tirer d’affaire.
Emballant /
Les entrées et les pizzas. L’ambiance amicale. Le service rapide et efficace.
Décevant /
Les accompagnements de certains plats principaux comme une purée de pommes de terre trop salée, des asperges pas assez cuites, une sauce pas assez chaude.
Combien? /
Le midi, une cinquantaine de dollars et le soir, environ 80 $ pour deux incluant les taxes, mais pas le vin ni le service.
Quand? /
Du mardi au jeudi, midi et soir; les samedis et dimanches, le soir seulement. Attention: il y a deux services, l’un à 19 h et l’autre à 21 h.
Où? /
Jane
1744, rue Notre-Dame Ouest, Montréal
514 759-6498