Le resto existe depuis sept ans et n’a toujours pas de site Web. J’ai dû passer devant une dizaine de fois et ne l’ai jamais remarqué, occupée à réciter mentalement les achats à faire à la SAQ, juste à côté. Discret, il s’est bâti une clientèle fidèle sur une base simple: cuisine de qualité, service attentionné.
Pendant que nous prenons place, je ne me doute nullement que je serai si agréablement surprise par le repas qui nous pend au bout du nez. Je lorgne les assiettes de nos voisins de table, admire les grandes photos en noir et blanc reflétées sur les plafonds en miroir, me demande ce qu’il y a derrière le cellier. Une autre salle?
Un serveur porté par un enthousiasme contagieux interrompt mes observations, nous apportant ce qu’il me tardait tant de voir: le menu. Rapide coup d’oeil sur les mets de type bistro – bavette de boeuf, confit de canard, jarret d’agneau, boudin noir, ris de veau au Frangelico, foie de veau poêlé -, puis j’accroche sur Les plats chaleureux de la semaine. Dans cette emballante rubrique, David choisit une entrée, moi un plat principal, et nous pigeons le reste dans la carte régulière.
David jubile: fondante et savoureuse, sa joue de veau braisée (très in depuis quelque temps) repose sur un orzo carbonara crémeux, semé de lardons bien gras et de pois verts. C’est presque à contrecoeur qu’il m’en offre une bouchée. Peu importe, puisque je protège aussi jalousement mon carpaccio de pétoncles. C’est qu’un petit condensé de mer m’explose en bouche chaque fois que je croque une tendre tranche de mollusque, juste assez épaisse pour bien se faire sentir sous la dent. Mais le clou de l’assiette demeure la salade… Roquette, speck (sorte de bacon italien), gros copeaux de parmesan et fines juliennes de pommes vertes s’allient parfaitement à une vinaigrette qui me fait tourner la tête, en l’occurrence une piquante émulsion de citron confit. Peut-être la meilleure salade de toute ma courte vie. Et quelle portion, cette entrée! J’aurais pu m’en contenter comme service principal.
Sauf que j’aurais manqué mon "plat chaleureux": deux cailles a la plancha, désossées (sauf les cuisses), croustillantes, sans sécheresse et disposées à plat sur une garniture espagnole (poivrons rouges, oignons et chorizo), qui repose elle-même sur une tombée d’oignons et des pommes rattes sautées. Pour couronner le tout: un aïoli au safran en remplacement de la demi-glace annoncée, substitut qui affirme par son goût franc et ensoleillé sa filiation ibérique. Les volatiles sont tendres, grillés à point, et s’accordent avec bonheur avec mon côtes-du-rhône Montirius Vacqueyras 2008. Leur présentation, cependant, me laisse perplexe: on a gardé leurs pattes entières, si bien que leurs "pieds" griffus (et recroquevillés) sont toujours là. Étrange…
Le tartare de cerf de David disparaît lui aussi à la vitesse de l’éclair. C’est qu’il est fameux! Très relevé comme demandé, égayé de cornichons et d’oignons, il est escorté d’une salade, encore une fois excellente. Les frites, d’un brun foncé et accompagnées d’une mayo maison sans excès de Dijon, ne sont vite plus qu’un souvenir.
Le temps de discuter un peu de la musique, disons, hétéroclite (Coeur de loup, These Boots Are Made for Walkin’, I Lost My Baby), et voilà que nous réalisons que nous n’avons plus très faim pour le dessert. Mais mon Pankoréo a l’air si bon! Comment résister à un fondant au chocolat coulant, frit dans une panure panko chocolatée? Décidément, il faudra inscrire cet endroit à notre liste de favoris.
Emballant /
Des plats où la saveur prime, le menu spécial Les plats chaleureux de la semaine, le service attentionné et enjoué.
Décevant /
Le mince choix de vins au verre.
Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 75 $ le soir, 35 $ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
De 11h30 à 22h la semaine, de 9h30 à 22h le week-end.
Où? /
La Cohue
3440, ch. des Quatre-Bourgeois
418 659-1322
Resto français à la québécoise, c’est à dire qu’il manque la délicatesse et le raffinement d’un bon resto français. Les portions son immense et légumes inexistant. Amplement de pomme de terre et salade par contre. Il faut dire au chef d’arrêter les carottes rapées dans les salades et les vinaigrettes.
Somme toute, resto moyen avec une excellente carte des vins.
Martin