Pourquoi les vaches portent-elles des boucles d’oreille? Pour qu’on puisse les suivre, pardi! Cette année, l’organisme Agri-Traçabilité Québec (ATQ) fête ses 10 ans. Dix ans consacrés à identifier, répertorier, comptabiliser et suivre les déplacements du bétail québécois. "En 1998, les crises sanitaires qui ont ravagé les troupeaux européens ont incité le gouvernement du Québec et l’Union des producteurs agricoles (UPA) à unir leurs efforts pour mettre en place un système assurant la traçabilité des produits agricoles de la ferme à la table. C’est ainsi qu’Agri-Traçabilité Québec a été créé en 2001", raconte Daniel Marcheterre, directeur général par intérim de l’organisme.
Bétail sous haute surveillance
Aujourd’hui, la base de données mise en place par ATQ pour les productions de bovins, ovins et cervidés concerne 18 000 fermes et répertorie de 4 à 5 millions de mouvements de bétail par an. En cas de contamination détectée chez un animal, le système permettrait au MAPAQ d’identifier son trajet et les contacts qu’il a eus en moins d’une heure afin de circonscrire rapidement une éventuelle crise.
"Le but, c’est de mettre en place la traçabilité partout au Québec. Nous travaillons actuellement sur plusieurs projets-pilotes dans le secteur des oeufs et des végétaux pour encadrer les productions de laitues et de carottes, par exemple. Et nous effectuons également des tests pour le homard", ajoute Daniel Marcheterre. "Mais le plus gros défi pour les prochaines années sera sans doute d’améliorer le suivi de la viande de l’abattoir à la table en intégrant dans le réseau les circuits de distribution et les commerçants…" évoque-t-il.
Consommation responsable
En effet, si le système de traçabilité a d’abord été mis en place pour contrer les épidémies et permettre au gouvernement de mieux contrôler la production et le commerce agricoles, les consommateurs réclament aujourd’hui d’avoir accès aux informations. "C’est sûr, notre organisme peut devenir un outil majeur pour promouvoir la consommation locale et le terroir québécois. On pourrait répertorier une foule d’informations sur un animal: où il est né, s’il a été déplacé, ce qu’il a mangé, où, quand et comment il a été abattu, s’il a reçu des vaccins… et même des informations génétiques. C’est une plus-value certaine pour nos produits", évoque l’expert. "D’ailleurs, au Québec, notre système fait partie des pionniers en Amérique du Nord, au point que le Canada et les États-Unis nous demandent souvent notre expertise. Et grâce à la traçabilité, notre veau de lait québécois est devenu très populaire au Japon où les acheteurs exigent la sécurité et la garantie du respect d’un certain cahier des charges de production", ajoute-t-il.
Pourrons-nous un jour localiser par GPS le champ où a été produite notre salade, grâce à son code-barre, et suivre l’évolution de notre troupeau de vaches laitières préféré sur Twitter? "Pour le moment, nous ne nous servons pas des satellites car c’est trop cher, les infos stockées sur les puces sont transmises grâce à des lecteurs électroniques. Mais dans les prochaines années, l’évolution de la technologie va rendre notre travail de plus en plus facile et les informations seront de plus en plus accessibles pour le consommateur", promet Daniel Marcheterre.