Le resto a du vécu. Bon an, mal an, l’Apsara sert ses spécialités cambodgiennes, thaïlandaises et vietnamiennes depuis 1977. À la barre, la famille Khuong, dont les membres de la troisième génération participent désormais au succès de l’entreprise familiale. Dans le hall, qui loge aussi la réception de l’Auberge La Chouette, les murs sont tapissés de coupures de journaux encadrées qui rappellent les moments forts de l’établissement.
Dès notre arrivée, tout va rondement: nous sommes vite accueillis, dirigés à notre table, puis nous nous voyons gratifiés des menus pendant que nos verres se remplissent d’eau (beaucoup trop froide). La carte propose plusieurs sautés où les légumes ont souvent la vedette, le tout relevé du piquant du gingembre, de la suavité du lait de coco ou du doux feu du cari. Je suis particulièrement charmée par les entrées, telles le Mou Sati (brochettes de porc, sauce aux arachides et concombres marinés) et la salade Apsara (crevettes et citronnelle). David m’annonce qu’il prendra la soupe tom yam. Je l’implore: "Commande aussi une entrée, s’il te plaît. J’ai choisi la salade de homard, mais j’ai vraiment envie de goûter la crêpe vietnamienne…" Comme c’est un ange, il accepte.
Voici la soupe: un bouillon parsemé d’yeux orangés où surnagent des champignons, du basilic thaï, du céleri, des tomates. Au fond: du poulet effiloché. L’aigreur est discrète, l’ensemble bon. Mais attention, les entrées rehaussent la barre d’un cran, et s’avéreront le clou du repas. D’abord, la crêpe, très fine, au rebord croustillant comme je l’aime, est repliée sur des crevettes et des pousses de bambou légèrement sucrées. On nappe la chose d’une sauce qui s’apparente à l’habituelle escorte des rouleaux impériaux, et on déguste avec le sourire. Je m’emballe aussi dès la première bouchée de ma salade de homard à la vietnamienne, relevée par une vivifiante vinaigrette à la citronnelle fraîche. Les généreux morceaux de homard trônent sur des concombres en julienne, des carottes, des fèves germées, des pousses de bambou, des oignons rouges. Dessous, des feuilles de laitue romaine et Boston. Rafraîchissant comme tout! Ne manque qu’un verre de rosé. Mais ma bière japonaise (Asahi) fera très bien l’affaire…
Le service perd ensuite de son élan. Je consacrerai cette pause à observer le décor, hétéroclite et pratiquement inchangé depuis on ne sait plus quand. Divers motifs se multiplient sur le tapis, les rideaux, les nappes et la tapisserie. Une statue de la déesse cambodgienne Apsara surveille, perplexe, un montage de reproductions de grands peintres (Van Gogh, Renoir…). Curieux mélange de styles.
Une serveuse en chatoyant costume turquoise s’amène finalement avec nos plats, accrochés sur un support qui invite au partage. Je me rue sur mes crevettes sautées aux légumes. Les crustacés sont de bonne taille, tendres et juteux, et les légumes assez croquants (mini-maïs, champignons, asperges, pois sucrés, haricots verts, bébé bok-choy). Là où le bât blesse, c’est du côté de la sauce, dont on cherche en vain les saveurs. La fadeur n’a cependant pas droit de cité dans l’autre assiette, qui contient un poulet Phuket, dont on mangerait à la cuiller la sauce épicée-sucrée, rehaussée de basilic thaï. Ah, c’est vrai, il y a aussi du riz frit Khemara, parsemé de dés de carottes et de petits pois. Correct, mais sans plus.
Un beignet frit pour terminer? Comment faire autrement? Aux ananas, tiens, pour faire changement des pommes et des bananes.
Emballant /
Les entrées, différentes de ce que proposent les autres restaurants asiatiques de la ville.
Décevant /
Quelques nouveaux plats seraient bienvenus, de même qu’un choix plus élaboré de vins au verre, qui se résume aux trois couleurs du Bottero.
Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 70$ le soir, 30$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
De 11h30 à 14h la semaine, et tous les soirs de 17h30 à 23h.
Où? /
Apsara
71, rue D’Auteuil
418 694-0232
www.restaurantapsara.com