La transformation du corridor de la Place des Arts en un milieu de vie est une réussite remarquable. À commencer par la mise en valeur de l’installation du sculpteur Pierre Granche, que l’on a libérée de son cylindre et recouverte d’une immense verrière. L’oeuvre sert maintenant d’élément central de décor au nouveau restaurant Place Deschamps, dont l’espace se love tout autour, baigné de lumière blanche.

Après le Seingalt et la Rotonde, voilà que le trio formé par Yvon Deschamps, Claude Meunier et l’impresario Robert Vinet s’offre une nouvelle enseigne, cette fois-ci sous le signe de l’auteur du Boss est mort. La cuisine est dirigée par Benoît Lechasseur.

À table!

"Le plus merveilleux dans le couple, c’est le partage (…). On partage les tâches. Comme par exemple, elle, à fait des tartes, toi t’es manges (…)." Cet autre extrait de monologue s’applique bien à un repas pris à la Place Deschamps: la plupart des plats sont offerts en petites portions, à partager avec son amoureux ou son amoureuse. C’est ce que nous avons fait.

À commencer par les blinis au saumon, quatre petites crêpes au sarrasin que l’on tartine de crème sure et auxquelles on ajoute des câpres, du saumon et de la truite, fumés. Viennent ensuite les crevettes à la lime, au nombre de six, servies chaudes, savoureuses avec leur goût d’agrume frais.

La suite sera un défilé de petits mets de style bistro revisité: tartare de boeuf (coupé au couteau) et raifort, tartare de saumon, lasagne de veau de lait et boulettes de canard au curry, yogourt et feuilles fraîches de coriandre. La première mouture des tartares, jugés trop imbibés d’éléments de liaison, a été retournée en cuisine. La deuxième version était la bonne. La chair démontrait un certain tonus et le goût était à l’avenant. Nous avons choisi en accompagnement une salade d’épinards à la vinaigrette de betterave et gingembre, et des juliennes de pommes de terre chips. Tout est frais, simple, bien assaisonné.

Autour de nous, clignotent en alternance des affiches annonçant l’Opéra de Montréal, Grand Corps Malade et le duo Jeanne Moreau-Étienne Daho aux FrancoFolies. Un peu plus loin, on aperçoit la magnifique vitrine animée qui illumine le corridor menant à la billetterie. À 20h50, le restaurant se vide. Il se remplira à nouveau vers 22h, à la sortie des spectacles. Entre les deux, on est tranquille et on a le temps de rigoler avec les serveurs.

Petites douceurs

La panna cotta coiffée de petits cubes d’ananas grillé et la tarte au citron déconstruite sont deux desserts servis en verrines dans lesquelles on pioche à l’aide d’une mini-cuillère qui nous force à lever le petit doigt. "C’est pas pour les gars de la construction", me lance mon chum à la blague. Peut-être, mais c’est bon en diable.

Emballant /
Pouvoir manger à proximité de sa salle de spectacle, sans avoir à sortir dehors. Il y a de l’ambiance, l’espace étant ouvert sur le hall de la Place des Arts où les gens déambulent. C’est beaucoup plus décontracté qu’au Seingalt et plus chaleureux qu’à la Rotonde.

Décevant /
Pour un bar à vin, on pourrait s’attendre à une carte plus élaborée. Le quart est constitué de produits offerts à la SAQ. Il ne faut pas s’attendre à faire de grandes découvertes. Par contre, les prix demeurent raisonnables.

Combien? /
Une soixantaine de dollars pour deux, avant vin, taxes et service.

Quand? /
Tous les jours, midi et soir.

Où? /
Place Deschamps
175, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal
Dans le Grand Foyer de la Place des Arts, entre le Musée d’art contemporain et la Cinquième Salle.
514 564-3155, www.placedeschamps.com