Dans ma bouche, un goût de gril et un goût de mer jouent à qui sera le plus fort; la lutte est chaude. Une sauce bien serrée vous enveloppe tout ça de ses saveurs de fumet de poisson, de cognac, d’ail, de tomate. Au centre de l’assiette, des pâtes à l’huile d’olive et au citron, filiformes et parfaitement croquantes, se chargent d’apporter une touche de fraîcheur. Entrée fort réussie que ces trois pétoncles grillés à l’armoricaine!
Devant moi, David goûte aux joies de son carpaccio de boeuf, dont les fines tranches sont garnies de quelques jets de mayo aux câpres et au citron, de feuilles déchiquetées de basilic frais et de gros copeaux de parmesan. Plus que satisfaisant pour les papilles, mais un peu moins pour l’oeil (comme c’est souvent le cas avec les carpaccios). L’assiette est en quelque sorte tapissée de tranches de viande…
Fidèle à son habitude, le propriétaire arpente la salle à manger d’inspiration Art déco, ici pour vérifier que tout est sous contrôle, là pour blaguer avec les clients. Nous l’observons en sirotant nos verres de vin, un Pancole toscan et un pecorino (blanc des Abruzzes), encore étonnés qu’un resto comptant sur les merveilles d’une cave si impressionnante ne serve que trois blancs et trois rouges au verre.
Le ballet des serveurs se poursuit sans relâche et dans une apaisante discrétion; même le bruit de leurs pas est feutré grâce à l’épaisse moquette verte, qui enveloppe chaque son d’un cocon d’ouate. Les paravents en bois ouvragé qui divisent habilement l’espace, eux, font obstacle aux rires qui s’échappent parfois avec trop d’audace. Mon esprit s’égare… Aurais-je dû choisir le risotto au champagne ou l’un des plats de poisson ou de fruits de mer? David me rassure: j’ai bien fait d’opter pour les spaghettis au homard. Dans un resto italien, il faut goûter aux pâtes, surtout que celles servies ici sont faites sur place par Mme Cortina elle-même, la femme du proprio.
Quelques bouchées de salade pour avoir ma portion de légumes réglementaire? C’est chose faite grâce à une roquette à la vinaigrette balsamique aux accents moutardés, agrémentée de fagioli (haricots blancs tièdes) et d’oignons rouges. Quant aux copeaux de parmesan promis dans le menu, ils ont visiblement été oubliés.
Moi qui avais si hâte de goûter le homard 2011, me voilà déçue par mon plat de pâtes. Quelques petits morceaux de chair effilochée traînent ici et là, mais rien qui résistera vraiment sous la dent ni ne comblera mon désir. Même pas un bout de pince pour décorer… Heureusement, la sauce bisque et crème est savoureuse, et les pâtes sont, encore une fois, cuites à la perfection.
David n’est pas emballé outre mesure par son escalope de veau à la crème de cèpes et truffes. Il a bien raison. La sauce, dont on suppose le goût soutenu en raison du caractère affirmé des champignons qui la composent, manque de saveur. Il fera cependant honneur aux légumes sautés – aubergine, bok choy, fenouil, carottes – qui, eux, sont irréprochables.
Le repas se terminera comme il a commencé: en beauté. Nos hommages au tiramisu en coupe, dont le mascarpone étonnamment aérien a le pouvoir d’effacer tous les chagrins.
Emballant /
La cuisson impeccable de tout (viande, fruits de mer, légumes, pâtes) et l’impressionnante carte des vins.
Décevant /
L’explosion de saveurs typique de la cuisine italienne n’est pas toujours au rendez-vous.
Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 110$ le soir, 55$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Dès 11h du lundi au samedi.
Où? /
Michelangelo
3111, ch. Saint-Louis
418 651-6262
www.lemichelangelo.com