Vingt-neuf ans cette année: c’est le bel âge du Restaurant Julien, qui fait figure de classique à Montréal. Et chaque fois que j’entre dans un de ces temples de la restauration, la question surgit indubitablement: sur quoi repose donc cette vitalité? J’ai un jour posé la question à Claude Foussard, son propriétaire. Sans hésiter, il répondit: "Parce que je respecte la vie privée de ceux qui travaillent avec moi." Fins de semaine, soirées ou vacances en famille: l’essentiel est de laisser du temps aux employés pour qu’ils vivent sereinement leur vie intime.
Visiblement un gage de réussite puisque depuis 1982, le Restaurant Julien survit à toutes les crises. Sous ses airs de chic brasserie parisienne, il perpétue la tradition d’une cuisine française simple, de qualité. Ici, pas d’ingrédients complexes et onéreux, pas de tape-à-l’oeil, mais un service charmant, souriant et attentif. La carte n’impose aucune surprise, ce qui semble plaire aux clients fidèles autant qu’aux touristes de passage.
Quand il fait beau, traversez la salle principale pour rejoindre la jolie terrasse abritée dans une cour intérieure fleurie. On s’y sent en vacances.
Au menu
Persillade de jambon, escargots de Bourgogne, foie gras au torchon, tartare de boeuf, confit de canard… z’en voulez, des inusables? Ils sont tous là, bien travaillés, présentés en toute simplicité, jamais ratés. Essayez les escargots, par exemple. Des petites bêtes bien dodues nageant dans une tombée de fenouil et de tomates. Pour lui donner du corps, le chef ajoute une petite rasade de Pernod, parce que, dixit notre serveur, "le fenouil ne goûte rien hors saison". Ce qui est loin d’être faux. Résultat: délicat et savoureux. La salade "russe" aux crevettes de roche (une nouveauté du menu d’été) est aussi simple: abondance de crevettes tendres et légumes coupés en petits dés – carottes, céleri et pommes de terre. Et du jambon aussi, pour la note russe. Sympa.
Vous le savez maintenant, j’adore le tartare. Et je pense avoir trouvé mon préféré en ville. Une viande finement coupée au couteau, délicieusement apprêtée avec une riche sauce moutarde, échalotes et câpres. Les frites, à l’huile d’arachide, sont parfaites: blondes, croustillantes et moelleuses à l’intérieur. Avec la petite mayonnaise maison, on se régale carrément. Un petit goût de revenez-y, vous dites?
La manchonette de volaille s’en sort pas mal. Bien que la chair soit un peu sèche, elle s’accompagne très bien de ce jus concentré aux herbes et fromage de chèvre (vraiment?), et de sa cohorte de légumes grillés: oignons, aubergines, courgettes, poivrons, tomates. Une ratatouille quelque peu décomposée, en fait. Il a fallu demander un surplus de sauce à la jolie serveuse (qui ressemble comme deux gouttes d’eau à une jeune Sonia Benezra!) pour profiter pleinement du plat. C’est elle aussi qui nous a conseillé un bordeaux tout à fait accessible issu de cette carte des vins bien pratique: classée par prix, elle permet de se repérer aisément dans cette ribambelle de propositions très classiques. Grosso modo, on y double les prix de la SAQ.
Desserts
Tarte au citron, mousse au chocolat, île flottante: voilà des desserts honnêtes. L’île était un peu trop sucrée à notre goût mais la crème anglaise, impeccable. Le dessert du jour, un moelleux au chocolat, s’en tire très bien aussi, sans flafla.
Emballant /
Pour ceux qui cherchent une cuisine française simple et efficace, vous êtes au bon endroit. Le service est décidément sympathique et compétent, doté d’une touche d’humour jamais déplacé.
Décevant /
On aimerait bien quelques importations privées côté vins, pour faire changement.
Combien? /
À midi ou en soirée, prévoyez une quarantaine de dollars par personne, hors vin, taxes et service.
Quand? /
Ouvert du lundi au samedi de 11h30 à 14h et de 17h à 22h.
Où? /
Restaurant Julien
1191, avenue Union, Montréal
514 871-1581; www.restaurantjulien.com