Restos / Bars

La Petite Boîte vietnamienne : Classique wok

Notre enchantement pour La Petite Boîte vietnamienne procède par étapes. À chacune de nos visites, il croît. Et cette fois, vraiment, nous sommes conquis.

"Qu’est-ce qu’il y a derrière moi?" demande Sophie qui me voit tendre le cou.

Il y a le sosie de Robert Plant. Pas le Robert Plant jeune et lisse, dont l’image a été fixée pour l’éternité par les films d’archives de Led Zeppelin. Mais celui d’aujourd’hui, le visage raviné et les boucles ternes. S’il n’avait pas eu un accent américain, je me serais levé pour lui réclamer un autographe. Ou peut-être pas. D’abord, parce que c’est pas mon genre, et surtout parce que lorsque son assiette arrive, belle et colorée, c’est elle qui m’obsède, et je n’en ai plus ensuite que pour le menu de La Petite Boîte vietnamienne.

J’ai envie de tout. Du tartare de saumon au marukan, des calmars frits, des rouleaux de printemps. Je choisis finalement les dumplings affichés sous la rubrique Dim sums. Comme je me targue de détenir une certaine expertise en la matière (acquise dans quelques Chinatowns d’Amérique), je les prendrai frits et vapeur pour juger de la qualité de l’offre. Sophie, elle, entamera les hostilités avec les boulettes de porc mariné.

Quelques longues minutes après que nous avons commandé, puis sifflé nos délicieux cocktails, mes dumplings et ses boulettes paraissent. Notre serveuse, plutôt débordée à notre arrivée, semble avoir repris sa vitesse de croisière, en plus d’offrir un service aimable et décontracté qui convient aux lieux où les couleurs pétillent et les aliments grésillent. Mais les boulettes de Sophie manquent de cuisson. Elles sont vite réexpédiées en cuisine où, prestement, on corrigera l’erreur. Trop affamé pour attendre, j’entame mes bouchées: elles sont à ranger parmi les meilleures du genre. Irréprochables, la farce parfaitement assaisonnée. J’ai pitié de Sophie et lui en offre quelques-unes… Mais ses boulettes reviennent et, joie, elle n’en fait que quelques bouchées, laissant rapidement tomber la sauce aigre-douce qui les accompagne pour mieux se délecter des saveurs plus subtiles qui la comblent.

La suite est à l’avenant. Nous étions tentés par les soupes-repas, mais bon, c’est presque l’été dehors. Sophie y va d’une salade sashimi, et moi d’un magret de canard aux épices d’Hanoï. Comme ce n’est pas notre première visite, nous avons déjà fait l’essai de quelques plats plus classiques qui composent la section Wok (dont le pad thaï, très bien) et d’autres spécialités comme le volcan de boeuf Bas Dong Nai au curry rouge (fameux). Mais ce qui nous arrive ici nous propulse dans une strate supérieure et expose le raffinement dont on est capable dans cette cuisine.

Mon canard tranché en aiguillettes est cuit à la perfection (limite saignant) et sa sauce à la cardamome lui confère le doux et surprenant parfum d’exotisme qu’on en espérait, soutenu par la moelleuse richesse des graines de sésame. Quant à la salade de Sophie, elle est immense, et recèle de belles surprises. Au sommet trône un morceau de saumon saisi, aussi généreux que frais. Puis une multitude de saveurs et de textures font surface à mesure qu’on creuse dessous. Nouilles frites qui croustillent, algues wakamé, sésame, fèves germées, coriandre… Nous échangeons bouchées et regards approbateurs tandis que, dans les haut-parleurs, une chanteuse minaude, susurrant une version éthérée de Beast of Burden des Stones. C’est la soirée rock classique et on ne m’avait pas prévenu? Je cherche le sosie de Mick Jagger alors que Sophie compulse la carte des desserts.

Le bonheur sucré se résume ici en un mot: tapioca. De belles et pulpeuses bulles vertes flottent dans un verre à martini. On devine encore la cardamome, et au fond, du sirop d’érable. L’ensemble est tiède, presque chaud: nous irradions de plaisir. Chaque cuillérée nous tire des sons qui pourraient avoir été extraits de la bande-son d’un film porno.

C’est l’heure de rentrer à la maison.

Emballant /
Le décor, la vaste carte de cocktails, la fraîcheur des produits et la recherche dans la confection de plats asiatiques qui satisferont les curieux comme les plus conservateurs.

Décevant /
Il ne faut pas être trop pressé, le service est parfois un peu lent.

Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 70$ le soir, 30$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).

Quand? /
Du mardi au vendredi de 11h à 22h, le samedi de 16h à 22h.

Où? /
La Petite Boîte vietnamienne
281, rue de la Couronne
418 204-6323
www.chefle.com