Le soleil plombe, l’île d’Orléans a déroulé sur ses terres de longs tapis émeraude, et devant sa rutilante roulotte gourmande, le personnel de l’Auberge Saint-Antoine rayonne.
On avait déjà entendu François Blais, ancien chef du désormais célèbre resto, évoquer l’idée: transposer la magie de la grande table de ce luxueux hôtel dans le contexte plus modeste de la roulotte à patates frites. De préférence à l’île d’Orléans, tout près des ressources premières, en plein centre d’un décor de carte postale.
Blais a quitté, mais l’idée, elle, est demeurée, et c’est sous l’égide du tout nouveau directeur général de l’hôtel, Jean-Louis Souman, que débute officiellement l’aventure: quelques kilomètres à l’ouest du pont, derrière la belle et vaste terrasse du Vignoble Sainte-Pétronille, le Panache Mobile a jeté l’ancre.
Bien qu’il débarque tout juste de Paris, où il a passé 28 ans à l’Hôtel Le Bristol, dont 17 en tant que directeur général, M. Souman semble avoir été contaminé par l’enthousiasme de son équipe pour ce projet qui lui est tombé dans les mains à son arrivée. Calme mais vibrant, l’homme répond aux questions avec précision, puis interrompt la description qu’il nous fait des équipements de la roulotte et nous prend par le bras: "Mais venez donc voir, plutôt."
Luxe champêtre
Il nous entraîne jusqu’au véhicule gastronomique, les poignées de main s’échangent avec le chef Jean-François Bédard et tout le personnel de cuisine, les sourires sont sincères, l’ambiance, détendue: tout le monde est ici pour s’amuser. "On est une roulotte, mais on conserve l’esprit de Panache", expose quant à lui François Simon, maître d’hôtel. Les préparations complexes sont effectuées au restaurant, la confection est complétée ici, dans cette roulotte achetée en Ontario il y a deux ans, déjà parfaitement équipée. "Et les produits, le plus souvent, viennent des alentours, poursuit M. Simon. Les asperges que vous allez manger viennent de chez nos voisins, nous avons aussi nos propres jardins, à Saint-Laurent (sur l’île), le bison vient d’un élevage tout près d’ici aussi…"
Même esprit d’une cuisine qui pige dans le terroir local, donc, même souci de qualité et de fraîcheur des produits aussi, mais avec un relâchement dans la forme, dans la manière.
"Ce qui est bien, note M. Souman, c’est qu’on doit se lever et aller commander directement au chef, c’est un contact rare pour le client."
Et gageons que celui-ci se lèvera à nouveau pour aller offrir ses compliments après le repas, puisque les bouchées (dont une focaccia aux fines herbes, tomates confites, roquette, tapenade et fromage de chèvre), le gaspacho, la salade d’asperges, les frites et l’admirable guedille au homard auxquels on a pu goûter méritent nos félicitations, tant pour la finesse de l’exécution que pour l’accord des saveurs (le melon d’eau dans le gaspacho: fabuleux). Le reste du menu est à l’avenant: burger de bison, soupe froide au melon, salade de pâtes fraîches et légumes grillés, rémoulade de crabe des neiges et crevettes de Matane…
Quant au décor, même les indigènes ne s’en lassent pas tellement il flirte avec le divin. Baigné du silence et de l’air chaud de l’été, le paysage incite au recueillement. Le terres agricoles autour, le vignoble (dont on peut déguster les vins en mangeant) qui s’étire vers le fleuve et la chute Montmorency qui écume au loin agissent comme un écrin naturel, en phase avec le joyau au centre: une cuisine sous le signe du plaisir, où la simplicité n’exclut en rien le raffinement et la beauté.
Panache Mobile
1 A, chemin du Bout de l’île
Sainte-Pétronille, île d’Orléans, Québec
418 692-1022, www.saint-antoine.com
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Prime gourmande
C’est bientôt la saison des fraises de l’île d’Orléans! Pour suivre l’avancée des récoltes, planifier une séance d’autocueillette, visiter les marchés publics, repérer les kiosques gourmands et épiceries fines lors de votre passage et découvrir les autres primeurs de l’île, rendez-vous sur le site www.savoirfaire.iledorleans.com.