Oubliez la controverse à la Bardot et laissez-vous tenter, car c’est une très bonne viande. Et le chef du Cinquième Péché, Benoit Lenglet, s’assure de la travailler de façon à ce qu’elle ne vous choque pas trop les papilles. D’ailleurs, ne vous affolez pas, ça ne goûte pas le poisson, mais plutôt le gibier sauvage. Il raconte avec ironie comment cette viande s’est retrouvée sur sa carte. Un jour, alors qu’il était à la recherche d’un second, "un jeune homme se présente avec, en guise de CV, une longe de phoque". Il s’appelait Jonathan Lapierre et il officie aujourd’hui à La Montée de lait. Le trouvant pas mal culotté, Benoit l’engage sur le champ! Quelques mois d’expérimentations plus tard, le phoque se retrouvait au menu. Et il y est toujours, chaque saison, et ce, jusqu’en septembre prochain. Mais si cela ne vous tente pas? Ne soyez pas inquiets, le reste de la carte est bien intéressant. Vous en profiterez pour découvrir les nouveaux locaux du resto, récemment déménagé rue Saint-Denis. Vous aurez le choix entre la petite terrasse et ses quelques tables, et la salle, toute en pierre, charmante, qui fut celle du défunt restaurant Vintage. Beaucoup de confort pour une belle découverte.
Au menu
Un oeil sur le menu? Très simple, style bistro: cinq entrées et autant de plats. On y égrène les produits-vedettes (beaucoup d’abats), sans flafla. Le service est là pour expliquer, à grand renfort de détails, comment les plats sont préparés. N’hésitez surtout pas à poser des questions. Car notre chef a le souci du détail. Le contenu des assiettes est complexe, travaillé et joliment présenté, en plus. Mais fort heureusement, rien pour embarrasser le héros du plat: les préparations sont limpides. Goûtez par exemple à ces cromesquis de phoque (une boule de viande enrobée de panure et frite) accompagnés d’une salade de… couteaux. Aussi étrange que délicieux. Dans le cromesqui, le phoque a été saumuré, fumé puis mêlé à du paleron de boeuf, pour en alléger la force. À côté, un couteau ouvert, et sa chair, quoiqu’un peu élastique, accompagnée d’un assaisonnement léger aux poivrons rôtis, aux shiitake et au fenouil émincé. Très frais également, le gaspacho blanc qui, comme son nom l’indique, ne contient pas de tomate. Plutôt du pain, du raisin, du concombre et de la poudre d’amande. Une soupe très légère dans laquelle baigne un beau morceau de homard, des pois verts éclatants et quelques tranches de pain maison à l’encre de seiche. Délicieux.
Tout aussi chouettes, les pétoncles très bien saisis, presque crus à l’intérieur, s’accompagnent de quelques tortellinis de viande de phoque coupée à la chair de porc, d’une purée légère de chou-fleur, de poireaux vinaigrette et d’algues wakame. Les ris de veau, un must ici, sont parfaitement préparés, tendres et légers, relevés de champignons variés sautés, de chorizo en petits dés et de feuilles de kale, un chou… très chou.
Douceurs
Après un tel festin, nous nous sommes contentés de partager ce délicieux sablé breton rehaussé d’une mousse pistache de style frangipane (à la pâte d’amande) agrémentée de fraises mûres. Parfait.
Emballant /
Un véritable talent du chef dans ces concoctions préparées avec soin, ces cuissons justes et ces apprêts précis. La carte des vins est fort intéressante et le sommelier très judicieux quand vient le temps des accords mets-vins.
Décevant /
Les couteaux un peu trop cuits? Possible, car ils étaient un chouïa résistants sous la dent. Disons aussi que nous aimerions un menu plus estival et léger, celui-ci nous ayant paru généralement lourd et propice aux saisons fraîches, voire froides.
Combien? /
Pensez à préparer 50$ par personne. Cher? Mais très bon.
Quand? /
Mardi et mercredi de 17h30 à 22h. Du jeudi au samedi de 17h30 à 23h.
Où? /
Au Cinquième Péché
4475, rue Saint-Denis, Montréal
Réservations recommandées: 514 286-0123, www.aucinquiemepeche.com