Le décor, discret, n’a pas changé. Aux boiseries claires s’accrochent les teintes vivifiantes de tableaux gorgés de couleurs; de larges fenêtres laissent filtrer la lumière du couchant, blanche, enrobante; les clients affairés aux autres tables semblent détendus, comme dans leur propre salle à manger, et le personnel coule autour de nous, sans bruit.
J’y ressens de la délicatesse, de l’attention. Un havre de paix dont Jean-Michel et moi nous accommodons très bien, après la furie de la tornade de boulot dont nous venons tout juste de nous extirper. Notre hôte, Pierre, nous met à l’aise dès notre arrivée et s’épanche en envolées lyriques sur le menu, renouvelé six ou sept fois par année au gré des produits de saison. J’aime la maîtrise, l’expérience et la passion de son discours.
Rapidement, nous nous en remettons à ses suggestions: la douceur sucrée d’un muscat de Saint-Jean-de-Minervois (Clos Bagatelle) accompagnera notre foie gras qui fond sur la langue comme graisse au soleil.
Seconde entrée: tartare de pétoncles aux fraises et au poivre vert. La texture est au rendez-vous, mais le goût des fraises supplante trop le reste. De mon côté, un coup de coeur pour cette salade niçoise à l’albacore saisi, avec sa fraîcheur et sa progression en bouche où oeuf de caille, pommes de terre, légumes, câpres et basilic croustillants se succèdent harmonieusement.
Accompagnés de rouge (Éclipse 2008, un montepulciano d’Abruzzo légèrement épicé et fumé), les plats principaux ravissent ces messieurs. Ma joue de veau braisée aux champignons est bien grasse et s’effiloche sans peine, l’orzo citronné apaisant mes lèvres suintantes de beurre. C’est goûteux, c’est réconfortant. Jean-Michel, pour sa part, dévore un délicieux pavé d’escolar poêlé. Le vinaigre balsamique tempère la saveur de beurre du poisson et la finale laisse un goût de croûte brûlée qui me fait rouler les yeux de bonheur.
Déjà repus, on ferme la "shop" à la crème brûlée à la fraise, où la croûte manque à l’appel (le sucre est grumeleux et la surface n’a pas durci), et au clafoutis moelleux gavé de baies du Lac-Saint-Jean.
Nous avons bien mangé et sommes désormais à l’abri, comme y disent, de toute gourmandise.
Emballant /
Le service hautement personnalisé, assuré de façon impeccable par un maître d’hôtel passionné et d’expérience. La qualité irréprochable des produits et de la cave à vin.
Décevant /
Le léger manque de subtilité de l’entrée et du dessert à base de fraises.
Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 120$ le soir, 40$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Tous les jours de 7h à 22h.
Où? /
La Fenouillière
3100, chemin Saint-Louis
418 653-3886
www.fenouilliere.com