Le souper est terminé, les restes soigneusement emballés pour être emportés à la maison, nous sommes gonflés comme des outres.
Dans la voiture, en route vers le cinéma, nous nous repassons le film du souper. C’était notre énième visite à La Taverna et notre enthousiasme ne décline pas.
Arrivés tôt, nous étions presque seuls. Mais le temps de consulter le menu et d’arrêter nos choix, nous avions déjà été rejoints par deux autres tablées d’amateurs du seul véritable restaurant grec de Québec.
Le casting rendu plus facile par nos nombreuses visites, malgré le vaste choix de prétendants (tapenades, carpaccio de pieuvre marinée, mousse de poivrons, saucisses d’agneau, feuilles de vigne farcies, etc.), le temps de siffler un ouzo, nous avions désigné les acteurs de soutien. Spanako tyropitakia pour moi. Caviar d’aubergine pour toi. Le premier (chaussons d’épinards et féta en pâte filo, assaisonnés d’aneth et de persil) était simplement parfait: croquant, nuancé, riche mais sans abus. Quant au caviar d’aubergine, il n’était rien de moins qu’extraordinaire. Le mélange de textures (noix de Grenoble à l’intérieur et pépins de pomme grenade qui surplombent l’onctueux mélange à base d’aubergine) allait rapidement charmer Sophie; j’en rajouterais en précisant que j’aime le goût légèrement sucré de l’ensemble, dont nous aurions bien pris une double portion. Pas que celle qu’on nous a servie soit trop petite. C’est plutôt la gourmandise qui parlait ce soir-là. Savez, quand la raison fout le camp parce que c’est trop bon…
Impossible de ne pas prendre de calmars et de pieuvre grillés lorsque je viens ici. On les vend à la livre et les grille à la perfection, à la limite de les brûler. La texture de la pieuvre est parfaite, moelleuse à l’intérieur et croustillante à l’extérieur. J’aime moins celle du calmar, un peu coriace, mais j’adore son goût. Un peu d’huile et une réduction de balsamique suffisent à faire exploser les aromes de ces grillades marines.
Mais le long métrage de ce repas n’avait pas encore atteint son paroxysme. Nos céphalopodes engloutis dans le gouffre apparemment sans fond de nos appétits, nous nous jetions dans le meilleur tzatziki de la ville (dixit Sophie), armés de pitas chauds, et attendions la suite avec impatience. Un demi-poulet lemonato pour moi. Une moussaka pour toi.
Imaginez la scène, torride. Un couple se vautrant dans le stupre, lui se délectant sans grâce mais avec un plaisir contagieux d’un poulet de Cornouailles juteux, léchant sa peau croquante qui embaume le citron et l’origan. Elle faisant couler dans sa gorge de généreuses bouchées d’agneau haché, sauce et aubergine étagés sur une base de pommes de terre, et dont le parfait assaisonnement (cannelle et muscade, surtout) lui tire des onomatopées qui trahissent son bonheur.
Incapable de tout ingurgiter, nous n’allions cependant pas nous arrêter là. L’histoire demeurerait en suspens. À suivre. Le baklava duquel je refusais de me priver (au miel dans lequel on fait infuser du thym) et les restes de moussaka attendraient sagement dans le frigo pour connaître leur sort. Mais nous, nous connaissions déjà la fin du film. Cruelle pour eux. Cochonne pour nous.
Emballant /
Le menu vaste, pléthorique, qui permet de faire un tour culinaire de la Grèce au fil de nombreuses visites qui promettent la découverte de mets souvent inconnus.
Décevant /
Quelques abus d’huile dans certains plats et la déco sommaire.
Combien? /
Environ 40$ pour deux plats principaux et deux entrées, avant taxes.
Quand? /
De 11h30 à 13h30 en semaine et de 17h à 23h du mardi au dimanche. Fermé le lundi.
Où? /
821, rue Scott
418 977-9933
www.restolataverna.com