Restos / Bars

Renard artisan bistro : Le goupil habile

Rusé, il fouine, toujours à l’affût des produits inusités des terroirs d’à côté. Un terrier à visiter? Le Renard artisan bistro.

"S’appliquer de tout son coeur à une besogne utile, c’est faire de l’art." J’aime cette petite phrase du peintre Ozias Leduc, que le chef-propriétaire du Renard artisan bistro, Jason Nelsons, a mise en exergue sur son blogue (www.thirteenpeas.blogspot.com). Car du coeur à l’ouvrage, il en met, notre chef. Sur la Toile, il raconte ses balades gourmandes hebdomadaires autour de Montréal, à la recherche du prochain produit à mettre sur sa carte. Un sympathique côté bohème absolument charmant, qui se retrouve dans l’antre de son Renard, un petit resto d’une trentaine de places tout simplement vêtu, à l’emplacement même de l’ex-Cinquième péché, déménagé récemment rue Saint-Denis. Bons vivants, Jason Nelsons et ses acolytes affichent un menu bien gourmand sur l’immense tableau noir qui couvre un pan de mur au complet. Ils y alignent des ingrédients parfois osés (comme le coeur de wapiti, le foie de cerf ou les oreilles de cochon) ou plus classiques (côte de porc, pétoncles), adroitement mêlés à des apprêts de saison. L’ambiance? Jeune et conviviale, à l’image de notre serveur un tantinet déluré, pas mal allumé, et surtout jamais avare de commentaires lorsque vient le temps de détailler les plats. Ça roule!

Au menu /

Des oreilles de cochon, vraiment? La dernière fois que nous en avions goûté, elles étaient en forme de chips et ce n’était pas terrible. C’est de la couenne dure, cet endroit-là! Jason Nelsons, lui, les transforme en cake, un gâteau assez dense, émaillé de petits morceaux d’oreilles. Comme ça, ça ne choque pas trop. Pas assez, même. La salade de jeunes pousses, elle, est bien vivante, fraîche, et agrémentée de cerises griottes. Une belle idée.

Le carpaccio de poisson est déjà moins osé. Mais avec du mérou rouge (un poisson maigre à chair blanche), et joliment présenté comme ça, on craque. Parce que notre chef a eu la bonne idée de le marier avec de la salicorne, une plante de mer inusitée qui rappelle vaguement le cornichon. Avec un peu de concombre et de coriandre, voilà un plat tout à fait séduisant.

Nous sommes restés au bord de la mer avec un beau filet de dorade grise (quoique la portion était un peu chiche) accompagné de moules, de tomates et d’aubergine. Bien bon, certes, mais un peu terne. Il manquait un je-ne-sais-quoi de lumineux pour allumer l’assiette.

Le braisé de chevreau est rarement proposé dans les restaurants. Quoique peu de saison (chef, on passe notre hiver à manger des braisés!), il était délicieux, avec ses lentilles et sa sauce aux épices advieh. Voilà une occasion de goûter un nouveau mélange d’épices! L’advieh est typique de la cuisine iranienne. Il regroupe généralement des saveurs aussi agréables que la cardamome, le clou de girofle, la cannelle, les pétales de rose, le cumin et le gingembre. On y retrouve parfois du safran, de la muscade, de la coriandre et des graines de sésame. Ça sent l’Orient, dites-vous?

Douceurs

Mignon comme tout, le petit pot de fraises, cassis, griottes accompagné de sa crème glacée à la vanille maison. Le moelleux au chocolat s’accompagne d’un ingrédient de nos contrées encore sous-utilisé et pourtant délicieux: le sirop de bouleau. Miam!

Emballant /
Le souci de nous informer sur l’origine des ingrédients, le désir d’exprimer les beautés du terroir, les bons vins d’importation privée. Un bistro des plus prometteurs.

Décevant /
Sauf pour le chevreau, nos assiettes manquaient généralement de punch. Faiblesse sur le plan de la présentation des plats principaux, qui étaient plutôt ternes. Il ne faut jamais oublier qu’on mange d’abord… avec les yeux.

Combien? /
Comptez une quarantaine de dollars par personne avant taxes, service et vin.

Quand? /
Du mercredi au dimanche, de 18h à 23h.

Où? /
Renard artisan bistro
330, avenue du Mont-Royal Est, Montréal
514 508-2728