Des aliments et des aromates peu connus règnent dans les assiettes de La Traite. Pour le client curieux, le plaisir résidera dans la découverte de ces sentiers peu fréquentés. Comme pour toute expérience qui nous éloigne du confort de nos habitudes, un guide s’imposerait. Mais il manque cruellement ici. On vous sert votre plat comme s’il s’agissait d’un banal steak-frites, sans explications. Immanquablement, les questions fuseront une fois quelques bouchées englouties (Quelle est l’herbe qui parfume le mets? Et ce légume qui ressemble à un petit navet?). Décrire l’assiette en long et en large dès le départ ne la rendrait que plus alléchante… en plus d’éliminer les frustrations potentielles du client, puisque les réponses ne sont pas toujours au rendez-vous.
Mais ne tapons pas trop sur les messagers: hormis cette faiblesse, les serveurs se sont avérés très courtois en ce mardi trop frisquet pour qu’on puisse profiter de l’une des plus belles terrasses de la région (bordée d’arbres camouflant à peine le rugissement de la Saint-Charles qui déboule derrière). La déco intérieure impressionne elle aussi: peaux de loup et d’ours noir étendues sur des cordes de bois, chouette et raton empaillés, luminaires évoquant des tambours, troncs pelés en guise de colonnes.
Les quatre menus (de trois à six services) me font hésiter. Ai-je envie de wapiti, de kangourou? De phoque, tiens. Le Menu Découverte ce sera. Et le Célébration pour David.
En entrée, nous avons droit aux bonbons de saumon en gravlax à l’érable, bien sucrés, servis sur une délicieuse salade de pommes vertes et noisettes (où pointe un goût de thé, peut-être? La serveuse ne sait pas). Les tranches de pain au maïs qui nous reluquent dans la corbeille ne font pas long feu. Je reçois ensuite une belle tranche d’esturgeon savamment fumé accompagnée d’une sauce vierge aux bleuets. À côté, du cerf séché à la chicoutai (divin!), qu’on devra manger seul pour en profiter à plein, puisque la salade qui le surmonte (minuscules dés de poivrons, d’oignons rouges et de ce qui semble de la courgette, relevés d’une épice qui rappelle l’origan) masque son goût. Le vin de Savoie (Domaine de l’Idylle) servi en accord peine aussi à se faire remarquer.
Après un potage aux poireaux, épinards et amandes peu goûteux et une salade à la délicate vinaigrette aux bleuets et à l’érable, nos plats principaux s’amènent. Mon phoque rôti est trop cuit, un brin coriace. Excellent accord cependant avec cette savoureuse confiture d’oignons et de tomates séchées confites, qui adoucit le côté très ferreux de la viande, dont le goût s’apparente à celui du foie de veau. Le vin québécois proposé en accord (Cuvée Julien, Domaine Les Brome), fruité et légèrement épicé, n’est pas assez costaud pour tenir tête au phoque. Mention à la purée de navet et patates douces, qui repousse les limites de l’onctuosité.
David mange sans grand enthousiasme son omble chevalier cuit à l’étouffée. Le problème? La confiture de chicoutai et baies de sureau qui l’escorte révèle des notes acidulées beaucoup trop envahissantes, qui annihilent le goût fin de ce poisson recherché.
Réussite sur toute la ligne au dernier service: splendide terrine au chocolat noir parfumée au porto Été indien et irréprochable tarte au citron meringuée sur biscuit sablé au beurre. Un café au Coureur des bois (boisson à la crème et à l’érable) avec ça? Alerte à l’hypoglycémie.
Emballant /
La possibilité de goûter des viandes rares, comme le wapiti, le phoque et le kangourou.
Décevant /
L’absence d’explications qui mettraient pleinement en valeur la composition des plats. Des saveurs parfois mal équilibrées.
Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 100$ le soir, 55$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Ouvert tous les jours pour le déjeuner, le dîner et le souper.
Où? /
La Traite
5, place de la Rencontre "Ekionkiestha’"
Wendake
418 847-0624, poste 2012
www.hotelpremieresnations.ca