Les touristes adorent le Ciccio Café. La preuve, sur le site Tripadvisor, il est classé numéro 1 sur 350 restos de Québec. Vrai qu’il s’agit d’un repaire de choix pour manger des plats italiens (hormis quelques incartades en terre asiatique) simples et goûteux, rehaussés de sauces rien de moins que fabuleuses.
Autre atout: le service, très rapide. Les employés ont visiblement l’habitude de recevoir des clients pressés par le début d’un spectacle au Grand Théâtre, situé à quelques enjambées. La courtoisie ne souffre pas de cet empressement. La camaraderie est même encouragée: alors que nous attaquons nos entrées, les deux serveurs invitent toutes les tablées à entonner avec eux un Joyeux anniversaire pour une dame qu’ils viennent de gratifier d’un gâteau "incandescent". Sympa. Autrement, l’ambiance est d’un calme exemplaire, loin du tapage de plusieurs restos italiens.
Et ces entrées, alors? Délicieuses. Pour David, une généreuse portion de fondant de foie blond, moelleux comme un nuage et baignant dans une sauce aux cèpes qui ne connaît pas l’existence de l’adjectif fade. J’ai pour ma part lorgné du côté de l’Asie pour ce premier service avec les fameux matarbaks, sortes de egg rolls carrés à la pâte fine et croustillante. Au centre: une farce de porc, crevettes et légumes judicieusement assaisonnée. Mais le point de mire reste cette sauce aigre-douce hyper goûteuse, relevée d’orange et de gingembre. On en mangerait un bol!
Quelques morceaux de pain trempés dans l’huile d’olive italienne (Il Grezzo) qui trône sur la table m’aident à patienter avant l’arrivée de ma soupe minestrone alla Genovese. Dans le bouillon sapide, épinards, tomates, courgettes, carottes fermes et tortellinis font trempette. Je m’en régale avec entrain lorsque David me rappelle à l’ordre: je dois me garder de la place pour mon escalope. Comme d’habitude, il a raison.
Le temps de me demander si j’aurais dû choisir les linguine aux fruits de mer (ou l’un des quelque 20 plats de pâtes au menu), la voici, cette escalope de veau de Charlevoix. En ai-je déjà mangé une aussi tendre? Je ne pense pas. Elle se coupe presque à la fourchette! La portion nourrirait deux affamés, mais je n’abdiquerai pas, enivrée par la sauce (encore!) qui l’accompagne, parfumée, orangée, bien serrée, contenant des morceaux de pancetta et de champignons de Paris, mais dont le reste des ingrédients demeurera secret. Franchement succulent. Je touche à peine aux spaghettis sauce tomate, dont l’aspect gagnerait en éclat avec du basilic frais plutôt que séché.
Pourquoi David avale-t-il aussi vite ses rognons de veau "Trifolati"? Je prends une gorgée de mon vin sicilien (Corvo Duca di Salaparuta), et je vérifie. Tendres, juste assez cuits, ils baignent dans une excellente sauce (eh oui!) aux champignons et au vin blanc (et à la crème, croyons-nous, vu sa texture). La petite ratatouille est bien relevée, les frites, croustillantes, mais les tranches de céleri-rave bouilli ne sont pas très inspirantes. Pendant que je farfouille dans son assiette, il termine son montepulciano d’Abruzzo Valle d’Oro en commentant la sélection musicale, éclectique et agréablement surprenante: Rolling Stones, The National, Ray Lamontagne, R.E.M repris par Ariane Moffatt…
Il nous faudra descendre de notre petit nuage, et la chute aura lieu au dessert. Composée d’une garniture qui rappelle dangereusement la Sheriff, ma "croustade" au citron, reposant sur une pâte à tarte épaisse et farineuse, est très décevante. Les profiteroles sont mollassonnes et chichement fourrées de crème mais, devinez quoi, la sauce au chocolat vient sauver la mise, en parfait équilibre entre amer et sucré.
Emballant /
Des sauces débordantes de saveur, des plats sans prétention bien réussis, la sélection musicale.
Décevant /
Les desserts ordinaires, la déco qui mériterait un rafraîchissement.
Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 65$ le soir, 35$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Ouvert tous les soirs et le midi du lundi au vendredi.
Où? /
Ciccio Café
975, rue de Claire-Fontaine
418 525-6161