20h. Il fait déjà noir. Une légère lassitude bruine sur mes épaules, pleine du pressentiment que l’été touche à sa fin. Saint-Roch est calme; les lampadaires peinturent le pavé d’un éclat jaune pâle qui contraste avec la rouge chevelure de ma compagne.
À notre arrivée, je constate que le restaurant a subi un changement en profondeur depuis les rénovations de janvier dernier. La salle à manger s’est raffinée, on y ressent une intimité pleine de classe et sans fioritures.
Un soupir de réconfort s’échappe de ma gorge et un sourire se tisse sur ses lèvres à elle. Le menu se divise en trois parties: le menu du chef (fusion des cuisines française et orientale, renouvelé toutes les semaines), les tapas d’inspiration asiatique et les plats classiques (poulet du général Tao, boeuf croustillant à l’orange, etc.).
J’apprécie l’accord de vins et de bières proposé, au verre, pour chaque plat et chaque entrée (en effet, l’établissement n’est plus un "apportez votre vin"). Nous décidons de flirter avec un saké Sayuri, semi-filtré, qui dépose la douceur froide des résidus de pâte de riz sur notre langue.
La première impression est spectaculaire: un velouté de champignons shiitakes couvert d’une crème fleurette, façon cappuccino. Le velouté apporte avec flair ce goût à la fois terreux et épicé du shiitake qui, mêlé à la crème, arrondit l’ensemble.
Je suis si médusé par mon potage que je ne pense plus au vin. Florence se plie à mon penchant pour les cabernets sauvignons de la Californie, et nous partageons un Pepperwood Grove bien fumé, tout en cerise noire, à qui je trouve néanmoins un côté un peu rustre.
Lorsque Michel (avec qui la conversation est si facile) nous apporte notre entrée, je suis étonné par la stylistique de l’assiette. J’aurais cependant souhaité davantage de beurre blanc de wasabi, si subtil et si sirupeux, et moins de feuilleté pour accompagner mes pétoncles.
S’ensuivent les tapas de Florence, une verrine de foie gras aux litchis caramélisés au sirop d’érable, du bonheur nappé et englouti sur des biscottes aux fruits séchés. La caille sauce hoisin sur un lit de riz bleu cuit au lait de coco est tendre à point et bien ferme, et la sauce, si bien réduite, à la fois sucrée, salée et piquante, que je nettoie l’assiette avec mes doigts sans en proposer une cuillère aux yeux verts qui me fixent, ahuris.
Ma macreuse sauce aux chanterelles et au saké, elle, fond littéralement en bouche, la cuisson est parfaite, la qualité de la pièce de viande aussi, et la sauce pleine de chaleur. Seul hic? La salade qui l’escorte me semble trop simple si on la compare avec la richesse des textures et des produits proposés tout au long du repas.
Je savais que la chef du Grain de riz était également pâtissière. Et son talent est absolu: la croûte de la tarte aux pommes est sableuse et enrobante, les pommes sont encore croquantes et sucrées. Mon gâteau au fromage au matcha, sauce au thé Earl Grey, est un exemple concret de perfection culinaire qui me rappelle la noble importance du pâtissier, dont la lourde tâche est d’impressionner un palais souvent déjà saturé.
Un grain de vérité que l’on tend souvent à oublier.
Emballant /
La justesse de l’assaisonnement, la présentation des plats et la qualité du service.
Décevant /
L’accueil des clients dans l’ancienne boutique de thé, un peu brouillon, qui contraste avec la finesse polie de la salle à manger.
Combien? /
Environ 75$ pour deux personnes, incluant une entrée, un plat principal et un dessert (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Du mardi au samedi, de 17h à 23h.
Où? /
Le Grain de riz
410, rue Saint-Anselme
418 525-2227