Faut croire que quel que soit le signe astrologique des restos, ces dernières années, ils naissent tous dans la constellation dite de la « convivialité ». Au Biarritz, la jeune serveuse n’a pas hésité: ici, au cas où on l’ignorerait, les assiettes sont en petits formats, pour être partagées. Ça doit être une question de génération, celle des « tapas », tiens! On les croyait enfants-rois, en fait, ils savent partager. C’est l’esprit qu’a voulu donner à ce resto Stéphane Bouzaglou, le chef. Après avoir travaillé avec Daniel Boulud à New York, il s’offre son resto, installé dans les locaux de l’ancien Sergent recruteur. Mais vous ne reconnaîtrez pas les lieux. La salle, toute de gris vêtue, est plutôt froide, mais arrondie heureusement par un bar lumineux et une cuisine semi-ouverte. Les tables, très collées, invitent à la conversation. La clientèle? Éclectique: familles, amis, amours. Il y en a pour tous les âges et toutes les générations. En ce jeudi soir, par contre, on ne sent pas d’ambiance particulière. C’est un peu vide.
Au menu
Avec un resto au nom pareil, nous nous attendions à quelques spécialités basques. Pas du tout. Le menu souffre justement de ce côté brouillon. On ne sait trop où on nous emmène. « Une cuisine du marché », nous réplique la serveuse, l’air de ne pas trop savoir. Essayons quand même. On commence l’apéro avec un bol de chicharrónes, sortes de croustilles de lard, une spécialité typiquement espagnole. Ça se mange sans faim. Puis, voici une salade aux crevettes parfaitement grillées, tomates-cerises, mesclun et… pois chiches frits, croustillants comme du maïs soufflé. Rigolo, bien cuit, et très bon. On trouve également quelques boulettes frites de brandade de morue qui se laissent déguster avec plaisir, une fois trempées dans une sauce mayonnaise pimentée.
Encore de la friture? Des fleurs de courgettes en légère panure ont passé quelques secondes dans l’huile. Et ça goûte? La friture, surtout. Pauvres fleurs, elles ne méritaient pas ça. Heureusement, la ratatouille, elle, ne manque pas de richesse. Légumes de saison, oeuf mollet en sus, voilà un plat qui fonctionne bien. Le maquereau poêlé, lui, est très agréable. Même mon complice, pourtant pas un amateur de poisson, se laisse tenter, le temps d’une bouchée. C’est doux, frais, savoureux. À côté, une salade de radis, finement émincés, dynamise le plat. Sympa.
Retour dans l’huile, avec ces étranges « won-ton ». En fait, ce sont des tranches d’aubergines frites, en panure, dissimulant une farce de porc et crevettes. Pas mal. Mais essayez plutôt la caille! Les deux petites cuisses sont délicieuses, servies avec poireaux grillés et pistaches concassées. Et il y a un tartare? Allons-y! Du boeuf bien coupé, bien assaisonné, avec des croustilles maison… croustillantes. Chouette. En terminant, un plat des plus roboratifs: un mélange riche de fèves, de morceaux tendres de pied de cochon effilochés et d’une lamelle de foie gras minuscule. Toute molle, elle n’ajoutait rien à ce plat très inégal.
Douceurs
Jolis desserts en terminant. Le moelleux au chocolat et ses bananes rôties est classique. Le shortcake aux fraises, dont le biscuit est croquant, les fruits frais et la crème fouettée légère, est un pur délice.
Emballant /
De bons petits plats, bien ficelés, à prix doux. Service sympathique, quoique bien peu informé. Carte des vins sans surprise, mais on propose des carafes au demi-litre. Pratique.
Décevant /
Une cuisine qui tire un peu dans tous les sens. On ne sait pas trop où l’on est. Exécutions parfois inégales. Ambiance encore morne, mais ça viendra. Sûrement.
Combien? /
Comptez une trentaine de dollars par personne avant vin, taxes et service.
Quand? /
Midis et soirs du mardi au vendredi. À partir de 18h la fin de semaine. Fermé le lundi.
Où? /
Biarritz
4801, boul. Saint-Laurent, Montréal
514 281-2000, www.restobiarritz.com