Invitation lancée à un copain dont la conjointe est japonaise: "Ça vous dirait d’essayer le Ryu?" Le Ryu, qui signifie "dragon" en japonais, est un izakaya, l’équivalent nippon du bar à tapas espagnol. L’offre est déclinée avec politesse. L’endroit leur semble trop "bimboland pour fashionistas en minijupe". Bon. D’accord. Mais nous, ça ne nous empêchera pas d’y aller. Go!
Jeudi soir, Outremont. Un service de voiturier nous reçoit. Idéal dans ce coin de la ville (Laurier et Parc) où les travaux perturbent le stationnement dans la rue. À l’intérieur, les tables de plexiglas blanc semi-opaque, l’imposante murale de métal aux découpes de lumière rose fuchsia et la musique techno-lounge donnent le ton: on se croirait dans la zone nightlife du boulevard Saint-Laurent, entre Sherbrooke et Prince-Arthur. Et avec la liste d’apéros sexy, de sakés et de champagnes, il y a de quoi faire la fête!
Au menu
La carte est alléchante et variée: tapas, spécialités, sushis et makis. L’abondance de choix nous rend indécis… L’option Omakase vient à notre rescousse: c’est le chef qui choisit! Six tapas, trois services.
Le repas-surprise débute par des crevettes popcorn et un tartare Ryu. Les crevettes de roche, charnues, sont enrobées d’une chapelure légèrement croustillante de type panko qui (soulagement) ne goûte pas l’huile. Elles sont servies avec une petite mayo épicée. De son côté, le tartare Ryu, sous la forme d’un cylindre de thon rouge, saumon et avocat, occupe le centre d’une assiette blanche; telle une île, il est entouré d’une sauce miso aux accents pimentés qui viennent contrebalancer la douceur du poisson cru. Ce premier choix nous rassure: même si le lieu est fashion, la cuisine est prise au sérieux.
Au deuxième acte, on nous sert un morceau de morue noire cuite à la perfection, c’est-à-dire fondante en bouche. Elle est servie dans une sauce soyeuse, avec des champignons armillaires et quelques feuilles de kale sautées qui l’accompagnent très bien. Jumelé à la morue, un délicat ceviche de pétoncles dont les fines tranches, blotties dans le creux d’une assiette aux larges rebords, se laissent déguster avec délectation.
Pour le troisième service, nous avons droit au Tao, une série de huit petits makis dont le riz a été remplacé par un amalgame de thon rouge, crevette tempura, avocat et crabe. Des oeufs de poisson volant (tobiko) éclatent gentiment sous la dent, apportant du craquant et de la texture à l’ensemble. Autre particularité: la traditionnelle algue nori est remplacée par une feuille de riz moelleuse. Pour faire trempette, un quintette de sauces: miso trad, miso-chili, miso-gingembre, mayo épicée, teriyaki.
Le dernier plat consiste en de tendres tranches de canard servies dans une sauce miso parfumée à l’orange sanguine et accompagnées de quelques champignons armillaires. Ce plat de viande est goûteux et réconfortant.
Je pense à nos copains qui ont refusé de nous accompagner… Ils ont vraiment manqué un bon repas.
Douceurs
La carte comporte deux desserts seulement. On parle ici de sushis aux fruits frais et d’une boule de crème glacée à la vanille, enrobée d’une chapelure de Corn Flakes, qui a été plongée rapidement dans la friture et arrosée d’un trait de coulis de fraises maison. En plus d’être joliment présenté, c’est très agréable à manger.
Emballant /
L’harmonie des saveurs et l’esthétique des plats. L’utilisation de produits frais du marché, si possible locaux. La créativité et le service attentionné.
Décevant /
Le thé, servi en feuilles dans une belle théière de fonte, est beaucoup trop amer. On aurait aimé un meilleur choix de vins au verre (deux rouges et trois blancs).
Combien? /
Le soir, comptez environ 100$ pour deux, avant taxes, vin et service.
Quand? /
Le soir, 7 jours sur 7. Repas de fin de soirée du jeudi au samedi. Lunchs dès janvier.
Où? /
Ryu
288, avenue Laurier Ouest, Montréal
514 439-6559
www.ryutapas.com