Sans tambour ni trompette, Table a ouvert ses portes au printemps. La discrétion règne aussi dans sa déco, qui n’en est pas moins magnifique. Épurée mais pas froide (merci au bois), elle donne envie de s’installer. Idéalement à l’une des deux grandes tables de réfectoire, surmontées d’une enfilade d’ampoules nues d’une charmante simplicité. Tout ici respire le souci esthétique: le mobilier, la vaisselle, le bar. Les vastes vitrines, elles, nous plongent au coeur de l’action du parvis de l’église Saint-Roch, animé par une faune bigarrée (remarquez l’euphémisme).
La carte se décline en une trentaine de plats incluant les accompagnements, tels les broccolinis et la polenta rôtie. Tous sont servis en petites portions, sortes de versions plus substantielles des tapas. L’objectif: inviter au partage. Ça tombe bien, Catherine et moi adorons picosser dans les assiettes des autres.
Poli et empressé, notre serveur nous fait quelques recommandations, que nous suivrons pour la plupart. Il semble étonné que nous commandions huit assiettes; c’est qu’il ne soupçonne pas l’incroyable étendue de notre gourmandise…
Premier service: petits pains maison au maïs, calmars sautés et crème de chou-fleur et crabe. Moulés en mini-muffins, les pains sont juste assez sucrés et accompagnés d’un beurre au miel, très subtil. Ils forment un duo d’enfer avec la crème, dont on doit verser soi-même le "bouillon" sur le crabe, les dés de patates et le tobiko. Texture veloutée, bel équilibre des saveurs (aidé d’une pincée de sel): l’ensemble est réussi. La tuile de parmesan, par contre, est trop amère. Quant aux calmars, ils sont à leur meilleur sans les sauces d’accompagnement (soya-agrumes, correcte, et katsu fumée, qui rappelle la sauce à fruits de mer du commerce).
La dernière gorgée de nos pinots gris (IGT Kris Dell Venezie) à peine prise, le serveur enchaîne avec nos rouges, un Mulderbosch Faithful Hound de l’Afrique du Sud pour Catherine, et un excellent shiraz australien de Barossa Valley (Langmeil) pour moi.
Il est venu le temps des betteraves, fredonné-je dans ma tête, inspirée par la vue de la monumentale église. Le bon Dieu m’aime, je suis vite exaucée. Elles sont splendides: jaunes, rôties à la perfection, parsemées de pistaches confites, le tout baignant dans un mélange de vinaigre balsamique et d’huile. Simple, mais réussi. Catherine me lance un regard horrifié en portant l’un des pétoncles à son nez. "C’est bourré d’ail! C’était écrit beurre citronné dans le menu." Oups. En effet. Et ça gâche, comme on dit. On ne goûte pas du tout le mollusque. Et cette chapelure qui s’impose trop… Attardons-nous donc au macaroni au fromage et à la truffe, en mini-cocotte. Belle idée que d’y ajouter des lardons, mais on cherche en vain le goût, pourtant prononcé, du roi des champignons, et les trois fromages manquent de personnalité. Quand même, c’est crémeux à souhait et loin d’être désagréable.
Au dernier service, nous passons vite sur le croustillant aux champignons sauvages, lui aussi servi en mini-cocotte. De un, c’est un pâté. De deux, la sauce est beaucoup trop liquide. Pouces en l’air pour les mini-sandwichs au porc effiloché: la viande est tendre et savoureuse; le pain moelleux, bien grillé, goûte le charbon. C’est bon. La salade de pommes et fenouil coincée sous le pain du haut peine à se faire valoir, par contre.
Au dessert, du bonheur à l’espagnole. Que voilà de délicieux churros! Torsadée, pas trop grasse, la pâte est abondamment saupoudrée de sucre et de cannelle. Nous mangerons ces merveilles nature, boudant les sauces au chocolat et au caramel au beurre salé. C’est tout dire…
Emballant /
La formule des plats à partager (au souper seulement). Les prix raisonnables. La déco, magnifique.
Décevant /
Certaines saveurs manquent de mordant, si bien que les plats perdent en richesse.
Combien? /
Pour deux personnes, 65$ le soir, 45$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Tous les jours pour le déjeuner et le souper. Du lundi au vendredi pour le dîner.
Où? /
Table
395, rue de la Couronne
418 647-2458
www.tablequebec.com