On jurerait que Le Galopin a coordonné son menu du moment au temps frisquet et pluvieux qui s’est brutalement installé: crapaudine de cailles aux champignons, quinoa crémeux à l’agneau et courge butternut, médaillon de filet de veau et ragoût de homard pourraient tous combattre le spleen automnal avec une efficacité redoutable. Tout comme le medley de veau que j’ai choisi.
Évidemment, il fallait aussi goûter aux tartares, spécialité de l’endroit. D’autant plus que le restaurant de l’Hôtel Sépia a récemment renouvelé son offre avec des crus diversifiés, notamment au cerf et canard fumé. Certains soirs ainsi que les midis de semaine, on peut d’ailleurs les manger au "bar à tartares" après avoir observé leur préparation. Mais nous avons préféré une bonne vieille table, question de juger du service traditionnel (courtois, informé, mais parfois trèèès lent). Bonus: cette décision nous aura donné l’occasion d’épier Maman Dion, assise à côté avec des copines. Potins banlieue.
Après avoir sifflé ma mise en bouche, un shooter de Bloody César qui vous décape juste assez la gorge, je m’attaque donc à mon tartare de pétoncles. Relevé de mini-lardons, d’oignon vert, de papaye délicate et d’une saveur anisée très subtile (à moins que j’hallucine), il mériterait 10/10 s’il goûtait un peu plus le pétoncle. L’entrée de David est quant à elle à classer parmi les grandes réussites: des ris de veau poêlés, mes amis, comme vous en avez probablement rarement mangé. Croustillants, dorés, salés, fondants à l’intérieur, sans l’ombre d’un arrière-goût… Et comme si ça ne suffisait pas, ils sont servis avec une soupe à l’oignon à la bière noire chapeautée d’un fromage de chèvre qui sait s’affirmer. Excellent.
Nous poursuivons avec une crème de légumes au cumin tout en légèreté. Seul petit bémol: l’épice s’y fait un brin trop présente. Et pourtant, Dieu sait si nous sommes des amateurs. Notre vin (un gamay Mâcon Bouchard père et fils 2010 inclus dans le menu Plaisir à deux) se réveille après avoir profité d’un peu d’air frais, juste à temps pour l’arrivée des plats principaux. Moutardé, garni de câpres, le tartare de boeuf s’avère une solide interprétation d’un indémodable classique. David s’en réjouit, et ne laisse aucune chance à la salade panachée et aux délicieuses frites, qui craquent bellement sous la dent et dont le sel, généreux, vous titille les papilles. De mon côté, je suis aux anges avec mon medley de veau, qui réunit queue, joue et osso buco (jarret, donc) dans un petit poêlon de fonte. Tendre et hyper goûteux, l’ensemble baigne dans une sauce montée au jus de viande et à la moelle. Dessous, un ragoût de lentilles croquantes, parsemé de "pastilles" de fromage québécois Aura fondu.
Maman Dion est partie se coucher. Nous, nous finissons notre vin en commentant le décor: classique et assez sombre, émaillé de bois, de cuir et de (trop?) nombreux rideaux et draperies. L’arrivée des desserts ramène notre attention à table. Je triompherai de mon décadent baladin au chocolat, pacanes caramélisées et caramel à la fleur de sel. David, lui, déclarera forfait devant son pot de crème au chocolat et à la liqueur d’orange. Il faut choisir ses combats.
Emballant /
Des plats goûteux et pratiquement sans reproche, des prix qui défient toute concurrence pour cette catégorie de restaurant.
Décevant /
Un service inégal: efficace pendant le repas, mais lent avant et après.
Combien? /
Pour deux personnes, 80$ le soir, 45$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Tous les jours pour le déjeuner et le souper. Du lundi au vendredi pour le dîner. Brunch le dimanche.
Où? /
Le Galopin
3135, chemin Sainte-Foy
418 652-0991
www.restaurantgalopin.com
D’entrée de jeu, disons que je connais et fréquente le restaurant Le Galopin depuis une bonne dizaine d’année. Ma femme et moi y avons amené des dizaines d’amis, de clients et de parents qui ont tous reconnu la qualité de la nourriture qu’on y servait. J’y appréciais notamment les deux excellent tartare de bœuf et de saumon qui ont contribué à bâtir la réputation de ce resto de grande classe.
Mais voilà, ma dernière visite m’a permis de constater que le Galopin d’aujourd’hui n’a malheureusement plus rien à voir avec celui que je connaissais. Le tartare de boeuf qu’on m’y a servi était absolument dépourvu de tout goût et ressemblait davantage à une boulette de steak haché dégoulinante de mayonnaise qu’à un vrai tartare.
J’ai ensuite goûté au célèbre tartare de saumon qui a fait la réputation de la maison. Même déception et cette fois partagée par ma femme puisque nous avions commandé le même plat. Et pour ajouter à notre déception la salade d’accompagnement manquait cruellement de fraicheur et elle était à ce point défraichie qu’on l’aurait cru volontiers issues des restants de table des convives qui nous ont précédés.
Je questionne donc le serveuse sur les changements récents ayant pu affecté la qualité de ce qui faisait pourtant la réputation de la maison. Celle-ci – pas très affable par ailleurs – nous affirme que rien n’a changé.
Inutile de souligner la très grande déception que nous éprouvons devant la dégradation évidente de cette pièce de notre patrimoine culinaire de Québec. Nous soupçonnons que le restaurant traverse une période de « rationalisation de ses coûts » (pour ne pas dire davantage) qui l’a amené à couper sur la qualité des plats servis.
Mais ce qui est certain c’est qu’en servant des plats sans saveurs comme ceux qu’on nous a récemment servi, le restaurant va se vider de sa plus fidèle clientèle dont nous étions, ma femme et moi.
P. Lavallée