Restos / Bars

Bistro B : Les retrouvailles

Après avoir patienté deux mois, nous sommes enfin allés jouer de la fourchette au Bistro B de François Blais. L’attente en valait le coup.

Il était temps qu’on critique le nouveau-né du renommé jeune chef François Blais, dites-vous? Pas si vite… Le transfuge du Panache n’a actionné ses fourneaux tout neufs qu’en août. Il faut laisser le temps aux nouveaux joueurs de la restauration de s’installer. De s’adapter. Leur donner la chance de nous livrer une performance à la hauteur de leurs capacités.

Vendredi, c’était le grand soir. Dès notre entrée dans l’ancien Momento, l’atmosphère joyeusement bruyante qui animait le local paré de noir nous a happés. Nos amis Jacques et Bénédicte avaient déjà pris place au comptoir qui ceinture la cuisine. Dès que j’ai eu les fesses posées sur le tabouret, j’ai adoré: on a ici tout le loisir d’observer les cuisiniers (vêtus de t-shirts Fuck la mode d’Oclan; ils achètent local) saisir des pièces de boeuf, façonner des quenelles de sorbet, dresser les assiettes… Même la chaleur des plaques de cuisson vient nous lécher le visage!

À l’ardoise au-dessus du comptoir, cinq plats, quatre entrées, avec en plus des ris de veau, du doré et du foie gras au torchon. Et c’est parti! David fait connaissance avec sa langue de veau braisée; tranches tendres, salade vivifiante, il aime. Le foie gras au torchon de Jacques est délicatement enrobé d’une fine croûte d’épices, mais quelques morceaux fuient bizarrement sous la dent. Bénédicte fait honneur à son rafraîchissant tartare de saumon où le poisson et la ciboulette ont la vedette. J’avale en trois coups de fourchette ma salade d’asperges marinées parsemée de chèvre émietté et de fines tranches de prosciutto, en plus des laitues mélangées. Belle harmonie de saveurs.

Notre serveur se désole; il nous a vanté les mérites d’un vin d’importation privée (un Saint-Joseph), mais les deux bouteilles qu’il nous fait goûter sont loin d’être au sommet de leur forme. Le sommelier vient donc nous suggérer un Soif de plaisir (Clos de l’Origine), fruité et moyennement corsé. Soit!

Les gars ont pris du poisson – du flétan et du doré – à la sauce au jus de viande. En escorte: quelques légumes empilés – carottes jaunes, pois mange-tout… C’est bien cuit et savoureux, mais c’est un brin chenu, comme disait ma grand-mère. Ils vont mourir de faim dans une heure, les pauvres. Mais les voilà plongés tête première dans une passionnante (bof…) discussion sur le vélo avec François Blais, venu s’assurer que nous passions un bon moment. Le chef a trouvé des interlocuteurs aussi mordus que lui. Et voilà, on les a perdus pour une demi-heure au moins.

J’ai donc tout le temps de picorer dans le risotto de Béné, suave et juste assez croquant, recelant de généreux morceaux de champignons et d’asperges. Je ne néglige pas pour autant mes délicieuses tranches de longe d’agneau sur pappardelles à la sauce (très sapide) au vin rouge, avec tomates-cerises mi-cuites et fins morceaux de courgette. Rien de compliqué, mais des cuissons impeccables, des sauces goûteuses, des produits frais. On n’en demande pas plus!

Ah si, peut-être un dessert… Mon bavarois aux fraises s’avérera l’assiette la plus élaborée du repas. Ils y ont mis du coeur! Et des framboises, de la purée de pommes, des dés de poire à la vanille, du crumble, du sorbet (une perfection!). Dans la cave à vin qui semble receler bien des trésors, le serveur est allé nous quérir une bouteille de petite syrah fortifiée (Barra "Bella Dolce"), qui a conclu avec éclat ce repas qui mérite… un A.

Emballant /
La cuisine simple et gorgée de saveurs. Le menu changeant, dicté par les produits. Le comptoir, pour être au coeur de la fébrilité de la cuisine.

Décevant /
Les prix élevés des plats et des vins (28$ pour un petit morceau de flétan et quelques légumes, c’est exagéré; tout comme un vin toscan à 120$ qu’on paie 43,50$ à la SAQ). Une carte des vins imprimée ne serait d’ailleurs pas un luxe; tout le monde n’a pas un iPhone pour la consulter sur le site Web du resto…

Combien? /
Pour deux personnes, 95$ le soir, 45$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).

Quand? /
Tous les soirs. Du lundi au vendredi pour le dîner.

Où? /
Bistro B
1144, av. Cartier, Québec
418 614-5444
www.bistrob.ca