Nous n’irons pas jusqu’à dire que la chic Promenade Masson est devenue une destination gastronomique, mais force est de constater que l’offre s’enrichit. Après M sur Masson et Madre, voici La Presqu’île, un restaurant "apportez votre vin" typique du genre. Un bistro de cuisine française, avec un joli accent breton. Le chef, Pascal Lannou, a officié dans les cuisines du Pégase. Ici, il fait honneur à ses origines. Clins d’oeil au bord de mer: quelques photos anciennes du Croisic, joli port de la côte sud, et des lampes accrochées au mur recouvertes d’un triangle de tissu en forme de voile. En fond musical, chansons françaises classiques. Nostalgie.
Au menu
La recette des bistros français "apportez votre vin" est souvent la même. Prenez des plats classiques, augmentez les prix (de façon à rattraper l’absence de revenus par la vente de boissons alcoolisées) et offrez quelques petits cadeaux: un amuse-bouche, d’agréables rillettes de saumon et maquereau avec quelques croûtons, puis une soupe ou une salade. Ici, la soupe de légumes est comme celle de ma (votre) grand-mère, réconfortante avec son petit goût de céleri et de carotte. La salade verte est tout aussi sommaire: quelques feuilles vertes bien fraîches et une vinaigrette simple et équilibrée.
On passe aux choses sérieuses. Dans les entrées en supplément, le feuilleté aux champignons (de Paris) est un bon choix. Parce que le Mamirolle, ce fromage à l’agréable caractère du Centre-du-Québec, a fondu dans le mélange de champignons, le rendant soyeux. Le tout est entouré de pâte feuilletée bien croustillante quoique molle en dessous.
Plus carnivore, le carpaccio de boeuf est présenté de manière différente, pour une fois. Sur la viande rouge, de bonne qualité, le chef a étalé de la tapenade d’olives noires et quelques copeaux de parmesan. Cela surprend et séduit.
Retour vers la mer, car nous sommes chez un Breton après tout. Voici la "poêlée de Saint-Jacques U10". Un terme quelque peu abusif (ce n’est pas tout à fait la même variété) pour nous servir de bons vieux pétoncles. Cela dit, ils sont bien saisis, cuits avec justesse et servis avec une sauce, malheureusement trop salée, à l’estragon et aux épices à cari, trop discrètes. Au centre de l’assiette, du riz et quelques légumes émincés et rôtis: carottes, panais, poireaux.
Le lapin est encore trop rare sur nos tables pour ne pas l’essayer. Deux râbles dont nous ne mangerons que le centre (le reste étant trop coriace) accompagnés d’une sauce (encore) trop salée, des mêmes légumes rôtis et de pommes de terre en gratin.
Douceurs
Incontournable et généreuse île flottante à la crème anglaise un peu trop sucrée. Mais il faut surtout découvrir le kouign-amann maison, un gâteau intensément beurré et sucré, très breton, cochon.
Emballant /
Un sympathique bistro de quartier, un menu relativement abordable et une cuisine pour tous les goûts.
Décevant /
Manque de finesse dans certaines présentations, à l’image de la simplicité de la cuisine. Et comme il est de coutume en Bretagne, le chef aime le sel. Un peu trop, même.
Combien? /
Pour faire le tour de la table d’hôte, comptez une quarantaine de dollars par personne, sans le vin, les taxes et le service. Un peu moins si vous sautez les entrées en supplément.
Quand? /
Du mardi au dimanche, à partir de 17h30. Ouvert les midis sur réservation seulement.
Où? /
La Presqu’île
3017, rue Masson, Montréal
514 507-5376