Depuis quelques mois, Montréal possède son café scandinave. Un endroit unique. Je m’y suis pointée un midi avec un copain d’origine allemande qui a passé son enfance et son adolescence à Oslo, histoire de comparer ses références culinaires avec la version montréalaise.
À première vue, l’intérieur du café, avec ses murs blancs lambrissés, ses lampes en forme de cages d’oiseau à l’envers et ses chaises bistro peintes en blanc et vert, a tout de suite plu à mon invité: "Ça ressemble aux maisons du sud de la Norvège, qui sont toutes en bois blanc à l’intérieur." Autour de nous, des étudiants et des travailleurs autonomes se concentrent sur l’écran de leur ordinateur portable pendant que des serveuses virevoltent de table en table, arborant tatouages et lunettes néo-vintage.
En fait, le Ellefsen n’est pas 100% scandinave. Il est le résultat d’un croisement entre la Norvège et le Québec, à l’image du chef-propriétaire, François Thibault, né dans les Cantons de l’Est, mais aux origines norvégiennes lointaines. L’arrivée au Saguenay de son ancêtre, Oloff Ellefsen, est d’ailleurs joliment racontée sur le site Web du café.
Au menu
Le menu est à l’image de ce mariage Québec-Scandinavie. Chaque jour, la carte offre des "classiques" des deux espaces nordiques. Par exemple, le smørrebrød au gravlax et… la poutine. Le premier est une tartine (ou sandwich ouvert) servie sur une tranche de pain de seigle grillé. Le poisson, du saumon du Pacifique mariné maison, est fondant à souhait et dialogue amicalement avec la petite salade de bulbe de fenouil émincé, fraîche et craquante, qui l’accompagne. Par contre, l’émulsion de pamplemousse qui strie l’assiette est plus utile en décoration qu’en condiment.
À essayer: la poutine aux boulettes norvégiennes, faite de bonnes frites maison, d’un savoureux fond de veau, de cheddar vieilli et de délicieuses petites boulettes porc-veau parfumées au carvi et fenouil. Même les non-amateurs de poutine vont craquer. Mon compagnon de tablée, Québécois d’adoption, est ravi. On peut également commander une poutine aux chanterelles et une autre à la morue.
Le menu du jour présente toujours trois plats (volaille, poisson, viande rouge), souvent des braisés. La lotte poêlée, servie sur un écrasé de Yukon Gold moitié purée, moitié cubes, est un bon exemple de la cuisine offerte au Ellefsen: rustique à la limite brouillonne, mais faite maison, réconfortante et sans prétention. Cette lotte avait comme compagnons des chanterelles, du spigarello braisé (une variété de brocoli italienne dont le goût s’apparente au kale), et trois petites carottes de couleurs différentes. En entrée, il y a toujours une soupe de saison. Ces temps-ci, on retrouve un potage à la courge bien goûteux dont l’onctuosité est ponctuée par de petits morceaux de cucurbitacée.
Sans tomber dans la nostalgie, mon vis-à-vis a apprécié son repas. Son seul regret est de ne pas avoir retrouvé sur les tables cette confiture aux airelles qu’il aimait tant là-bas.
Douceurs
Côté desserts, ce n’est pas la mer à boire… L’unique proposition consiste en une tarte au chocolat qui s’apparente à un gâteau fudge ultracompact. On peut toujours se rabattre sur les biscuits, quand il y en a, ou les muffins faits maison.
Emballant /
Les plats réconfortants et rustiques, réalisés avec authenticité. La petite carte des vins élaborée par le proprio, sommelier de métier. Bref, l’endroit est bien sympathique.
Décevant /
Les dents sucrées seront déçues du maigre choix de desserts.
Combien? /
Une cinquantaine de dollars pour deux, avant taxes, vin et service.
Quand? /
Du lundi au mercredi: 7h à 23h.
Jeudi – vendredi: 7h à 24h
Samedi: 9h à 24h
Dimanche: 9h à 23h
Où? /
Ellefsen café scandinave
414, rue Saint-Zotique Est
www.cafeellefsen.com
Pas de réservation possible
J’adore cet endroit qui a fait apparaître comme par magie, coin Saint-Zotique et Saint-Denis, une nourriture soignée, des cafés serrés savoureux, des vins choisis avec goût et une clientèle à la fois simple, stylisée et éduquée. C’est le goût qui importe: il n’y a même pas de café filtre! La poutine aux chanterelles et celle à la morue dépassent les poutines de la Banquise, et les muffins, délicieux, sont vraiment faits maison, ce qui est rare même chez les cafés qui le prétendent. C’est à la fois un café où l’on mange très bien, et un restaurant où on est le bienvenu pour un café seulement.