Des hommes parfumés en complet s’excitent dans le hall du Château Bonne Entente en ce samedi soir; ils s’en vont voir Bute buter Johnson au Colisée. Nous, nous laisserons la soirée s’écouler en douceur, au gré des plats inventifs concoctés par Marie-Chantal Lepage et sa brigade. La seule violence que je devrai m’infliger, ce sera de choisir parmi le foie gras, les divers poissons et le canard…
L’ambiance dans le resto est plus tranquille que dans le MC Lounge, par où nous sommes arrivés. Les tons de crème délicatement rosés ainsi que le bois doré enveloppent la salle d’une quiétude apaisante… qui contraste avec l’attitude de notre serveur, un peu rustre (mais sympa). Il va jusqu’à tourner brusquement les pages de mon menu pour m’indiquer où sont les entrées. Sous la rubrique "Pour commencer…", oui, merci, j’aurais pu deviner.
David trépigne sur sa chaise: il ne s’attend à rien de moins qu’un festin. Et il devra justement… attendre, car le service est d’une lenteur infinie. Plus de 25 minutes après avoir commandé, nous recevons finalement notre mise en bouche, une huître au mirin et à la lime, assaisonnements discrets.
Nous avons pratiquement le temps de terminer nos verres de vin (un chenin blanc Sous la tonnelle du Domaine de la Bergerie et un cabernet-sauvignon Lucas & Lewellen) avant de voir arriver nos entrées. Quelles magnifiques présentations, tout en finesse! Ma fourchette suspend son vol, pour que j’admire. David entame son veau en trois temps, soit la bajoue braisée (qui aurait pu être plus fondante), le popcorn de ris de veau (le hit de l’assiette, avec une panure parfaite) et le filet de veau tonnato (mince comme une feuille, garni de tomates et de ciboulette). Je roucoule de bonheur en goûtant mon saumon confit à 55 degrés dans l’huile d’olive, qui fond en bouche comme neige au soleil. Cette méthode de cuisson lui va à ravir! Tout tiède qu’il est, il libère parfaitement ses saveurs. Dessous, un joli damier de betteraves jaunes et rouges et un peu de wakamé. Dessus, une "espuma de César" avec micropousses, mini-croûtons et délicieux bacon fumé maison. C’est plus que réussi.
Le sommelier passe nous voir pour la suite, me suggérant un bordeaux Château Lafont Fourcat, un vif alliage de sémillon et de sauvignon blanc tout en agrumes qui ne figure pas à la carte des vins (qui a subi un régime minceur sans perdre de sa valeur). Voici mon assiette "Petite pêche… grosse prise!": divers poissons et fruits de mer a la plancha. L’idée est bonne, mais en bouche, ça manque d’éclat, surtout la morue charbonnière et le thon rouge. Peut-être aurait-on dû mettre un peu plus de ce jus de crustacés aux saveurs hyper concentrées? Quant à la chair de la demi-queue de langouste, elle est pâteuse et collée à la carapace. Par contre, le pétoncle est irréprochable, de même que la gamba, joufflue, croquante, juteuse. Beau succès que le risotto de basmati au chorizo et au safran, odorant. Le premier contact de David avec son carré d’agneau cuit au gros sel a été plutôt froid, puisque la viande elle-même l’était presque. Mais il s’est vite laissé séduire par le délicieux jus de viande au romarin, les rafraîchissants gnocchis au citron et les tomates cerises confites.
Nous concluons en beauté avec un moelleux de coco étagé au chocolat blanc et glace à la mangue, ainsi que des spaghettis moléculaires au lait de coco et fève tonka enroulés autour d’une compotée de dattes gorgée de saveur. Une finale relevée pour un festin un brin inégal.
Emballant /
Les présentations, magnifiques. Le respect des produits, indéfectible.
Décevant /
Le service, en "décalage de raffinement" par rapport à la cuisine.
Combien? /
Pour deux personnes, 70$ le midi, 150$ le soir (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Dès 6h30 en semaine, dès 7h le week-end.
Où? /
Monte Cristo l’original
3400, ch. Sainte-Foy
Québec
418 650-4550
www.chateaubonneentente.com