"C’est beeeaaauuuu!" s’exclame Julie, une collègue et amie, le nez collé aux vitres de l’ascenseur panoramique. Moi, je fixe le mur pastillé de noir, les mains moites. Que c’est long, atteindre la cime du Loews Le Concorde! Les portes s’ouvrent, je respire enfin, et j’oublie vite ma peur débile grâce à l’accueil charmant que nous offre la jeune dame installée derrière le cahier de réservations.
Nous prenons place directement au-dessus du Dagobert, oubliant de regarder le menu pour observer les lumières de Noël qui égayent la Grande Allée, la fumée de la Stadacona qui se déploie en volutes charnues, puis l’édifice Price et le Château, élégantes sentinelles nocturnes. Je ne m’en lasserais pas, mais mon estomac gargouillant me rappelle à l’ordre.
Flétan en croûte de noix? Risotto à la chanterelle et à la mousse chaude de chèvre? Julie et moi avons envie des mêmes plats. Nous finissons par départager qui prendra quoi, aidées des conseils avisés de notre serveur à l’enthousiasme revigorant. Nous approchons des Plaines lorsque je reçois mon pot de foie gras du Canard goulu en espuma, avec compote de canneberges, noisettes et huile de noix. La mousse me laisse perplexe. "C’est bizarre, ça ne goûte pas le foie gras." Après une bouchée attentive, Julie confirme. De plus, la saveur de pomme verte (en julienne, avec du céleri) est trop présente. Par contre, le pain brioché grillé est un délice. Quand même, à 25$ le pot, ça fait cher. Julie a plus de chance avec sa planche de cinq pétoncles joliment dorés et accompagnés de fleurs de sel aromatisées, même si, en adepte du cru, elle les trouve limite trop cuits. Le citron confit au girofle est une belle réussite, mais on cherche la salade verte promise dans le menu.
Quelques gorgées de vin (pinot gris Santepietre Lamberti pour elle, shiraz-cabernet sauvignon Red Label de Wolf Blass pour moi) pendant que nous survolons le jardin Jeanne-d’Arc, puis l’odeur de mes côtes levées de boeuf braisé me chatouille les narines quelques secondes avant que l’assiette apparaisse devant moi. Toute une pièce que voilà! La viande est tendre, se détache de l’os avec un rien. En complément, une moelleuse purée de navet et patate douce à l’érable, ainsi qu’un savoureux pot de lentilles, fromage comté et lardons coiffé d’une délicate mousse à la sauge et fleur de thym. Ah, et ce coquet cromesquis de joue de porc confite à la moutarde, dont on ne fait que deux bouchées. Chapeau! Cette fois, c’est Julie qui déchante devant son blanc de pintade de la Ferme L’Oie d’or baignant dans un discret beurre blanc au vin jaune du Jura. La chair du volatile semble trop cuite; presque caoutchouteuse, elle se défait mal. Le reste se laisse toutefois manger avec grand bonheur: purée de Yukon Gold et foie gras, morilles, oignons cipollinis à l’huile d’olive (un régal!) et tuile froissée à la truffe.
Notre deuxième tour dans le ciel de Québec est déjà bien entamé lorsque nous attaquons notre dessert qui, ma foi, a la taille d’un plat principal: poire pochée au riesling (et aux enivrantes saveurs d’épices), mousse chantilly au vin jaune et à l’olive noire, énorme moelleux au chocolat sans farine (à la texture plus près de celle du brownie) et glace au poivre de Madagascar (surprenante, mais on l’apprécie mieux à petites doses). Nous étirons encore un peu le temps, avant de nous apercevoir que nous sommes les dernières clientes… Terminus, tout le monde descend.
Emballant /
La vue, évidemment, et les accompagnements, toujours à la hauteur.
Décevant /
Le pot de foie gras, qui ne met pas le produit en valeur.
Combien? /
Pour deux personnes, pour trois services, 40$ le midi, 130$ le soir (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Du lundi au samedi dès 6h30. Le dimanche dès 9h (brunch).
Où? /
L’Astral
1225, cours du Général-De Montcalm
Québec
418 780-3602
www.loewshotels.com/fr/l-astral
J’adore l’Astral! Ce resto vaut plus que le détour… et j’avoue trouver la notation un peu chiche mais bon, c’est personnel! Vivement ma prochaine visite!