Restos / Bars

Charbon : Faut que ça saigne

Repaire des disciples du gril, le Charbon marche toujours aussi habilement sur les braises et parvient aussi à épater grâce à quelques trouvailles. Ne manque qu’un certain raffinement dans les accompagnements pour toucher à l’excellence.

C’est une trêve d’hiver, une rupture d’avec ses bleus polaires, son blanc frigorifique. Ici, il fait bon, chaud. Le décor est invitant comme les salons d’un club privé où règnent le bois et le cuir. Couleur dominante des autres matières: rouge charbon ardent, évidemment.

Calés dans notre banquette capitonnée, quatre amateurs de viande. Du genre qui aiment quand ça saigne et quand domine la saveur du produit.

La carte du Charbon devrait donc nous satisfaire puisque, vous le savez, la chair animale y domine outrageusement. Boston, New York, filet mignon et côte de boeuf côtoient côtes levées, brochettes, tartare, et aussi quelques lointains parents maritimes, qui partagent un même sort: le gril. Pétoncles, crevettes U10, pavé de saumon, lingot de thon, homard sont au menu.

Et si on ne peut choisir entre terre et mer, on prend des deux. C’est ce que je fais, y allant d’une grillade mixte de filet mignon, pétoncles et crevettes. J’emprunte toutefois mon entrée (jolie salade de betteraves au chèvre cendré) à une table d’hôte riche en heureuses découvertes, et qui mérite qu’on lui accorde toute notre attention puisque c’est là que se déploient le plus élégamment les charmes culinaires de l’endroit.

Heureuse Gisèle qui, satisfaite de sa généreuse soupe au miso et ravioles de Saint-Jacques, a aussi déniché dans ce menu parallèle une véritable perle: la côte de veau de Charlevoix grillée au citron, complétée de pleurotes, d’une purée de pommes de terre, mais surtout d’une sauce à faire damner au moins quelques saints du ciel.

Quant à elle, Sophie débute avec les pétoncles au chardonnay. On aime l’alliage de la sauce et de l’accompagnement de portobellas, mais le gratin de parmesan écrase les autres saveurs, plus discrètes. Elle pige ensuite dans la table d’hôte un New York grillé au porto et cèpes, dont la sauce, délicieuse elle aussi, est cependant en trop petite quantité. Si bien qu’après quelques bouchées, il n’en reste plus rien. Et pour un accompagnement de table d’hôte, disons-le, la pomme de terre au four fait un peu pitié à voir dans son plus simple appareil, et mériterait quelques ajouts (qu’on ne nous a pas offerts), sans avoir à débourser 5$ de plus pour un splash de crème sûre, du bacon et quelques fioritures.

Peut-être pouvait-on, autrefois, se contenter de grillades parfaites dans un steak house (mon filet mignon est fondant, saignant à la perfection, son goût mémorable. Le Boston de Yves – le quatrième convive – le comble identiquement et mes fruits de mer sont réussis). Mais la concurrence impose désormais qu’on confère à ces pièces une âme semblable à celle qu’on trouve ici dans certaines entrées, ou certains des plats en table d’hôte. Ne serait-ce que parce que des frites un peu ternes et un morceau solitaire de brocoli à la vapeur ne font pas honneur à la royale pièce de viande qu’ils sont censés sertir. Ni à une superbe carte des vins qui, en plus d’épater avec plusieurs crus remarquables, nous a permis de faire connaissance avec une magnifique syrah de la maison Joseph Swan.

Emballant /
La qualité de la viande et de l’exécution des maîtres du gril demeure d’une constance remarquable au fil des ans. On aime aussi les trouvailles de la table d’hôte et la superbe carte des vins.

Décevant /
Les accompagnements sans imagination. Le service gentil, mais qui manque à sa tâche de diriger le client, de lui faire des suggestions et de l’aiguiller vers des découvertes.

Combien? /
Le soir, environ 100$ pour deux personnes, incluant entrée, plat principal et dessert. Le midi, environ 45$ pour deux (excluant boissons, taxes et pourboire).

Quand? /
En semaine, de 11h30 à 22h30, la fin de semaine de 17h à 23h.

Où? /
450, rue de la Gare-du-Palais
Québec
418 522-0133
www.charbonsteakhouse.com