Il était une fois un resto dont plusieurs avaient douté, au départ, de la longévité. Situé dans un petit complexe commercial à la tête de la sortie Legendre, il ne payait pas de mine, vu de l’extérieur. Mais au fil d’une quinzaine d’années et de milliers de plats d’une qualité constante, il a fini par se constituer une bonne réputation ainsi qu’un bassin de clients fidèles, résidant pour la plupart à Sainte-Foy, Cap-Rouge, Saint-Augustin ou dans la région de Portneuf.
Les clés de son succès n’avaient rien de sorcier: un service aimable et empressé, assuré par un personnel au fort taux de rétention, ainsi qu’une cuisine simple et bien faite. Sa carte à large spectre allait des plats bistro (tartares, bavette sauce bordelaise, moules et frites) aux pizzas et aux pâtes, en passant par diverses grillades et quelques mets asiatiques. Depuis son agrandissement, l’ambiance décontractée de l’endroit avait gagné en chic dans la zone où trône le bar. L’ancienne partie, elle, demeurait égayée par différents matchs sportifs diffusés sur écrans géants (muets, heureusement!).
Lors de la visite récente et évidemment discrète de la critique du Voir, accompagnée de son amoureux, de la soeur de son amoureux et de l’amoureux de sa soeur (prenez trois secondes pour vous dépêtrer), le Gab’s s’est attiré leurs bonnes grâces, comme d’habitude. Le vin était bon (ils avaient choisi un cabernet-merlot du golfeur Greg Norman dans la carte combinant importations privées et valeurs sûres, style Woodbridge, Masi Campofiorin, Oyster Bay). Et la nourriture, tout autant.
David a commencé par une salade asiatique au porc croustillant à la mandarine, aux cajous et aux fèves germées, joliment dressée, rehaussée par une vinaigrette sucrée et piquante. Anne a fait ses délices de ses crevettes thaïes (cuites à la perfection) et crème sure épicée. Joey a vite englouti ses croûtons de chèvre chaud et pesto. Et Sophie a renoué avec la salade tiède de canard confit, généreusement arrosée de vinaigrette au balsamique et à l’érable, brune, onctueuse et juste assez sucrée. Seul désenchantement, certains morceaux de canard souffraient de sécheresse en surface.
La moitié de la joyeuse tablée a enchaîné avec des pizzas, alors que David et Sophie ont opté pour des plats de poisson et de veau. Pour lui, un filet de doré impeccablement poêlé aux pleurotes, crevettes et épinards, arrosé d’un délicieux beurre de poivrons jaunes et curcuma. Il aurait préféré de vraies belles frites aux minuscules tronçons qui s’empilaient dans son assiette, mais cela n’a pas porté ombrage à son bonheur. Sophie, elle, s’est régalée de son escalope de veau au prosciutto gratinée aux deux fromages, baignant dans une sauce bordelaise sapide et bien réduite. Ses légumes (brocoli, carotte, betterave jaune, chou rouge) avaient passé juste assez de temps dans leur bain de vapeur, et ses fettucines Alfredo, gorgés de crème, l’ont ravie.
Comme fix de sucre, le nouveau gâteau chocolat, poires et rhum, au goût rappelant celui du whippet, a fait l’unanimité. La pomme surprise sauce caramel, tranchée puis blottie dans une pâte croustillante, a aussi remporté les faveurs de ces incorrigibles gourmands, de même que la tarte au sucre, une fois réchauffée (les saveurs des coulis décoratifs, par contre, s’harmonisaient mal avec elle). Rassasiée, grattant le fond de son assiette d’un air satisfait, la critique a secrètement formulé un souhait: que les proprios du Gab’s vivent heureux et aient encore beaucoup de clients.
Emballant /
Une cuisine de qualité constante à prix accessible. Un service aimable et efficace, autant pour l’eau, le vin, le poivre, les plats que les demandes spéciales.
Décevant /
Le très mince choix de vins blancs comparativement à celui des rouges (5 bouteilles contre 29).
Combien? /
Pour deux personnes, pour trois services, 65$ le soir et 35$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Tous les soirs ainsi que le midi en semaine.
Où? /
Gab’s
1670, av. Jules-Verne
Québec
418 877-6565
www.gabsresto.com