Les dernières bourrasques de la tempête s’estompent sur la neige lourde. Au bord de la fenêtre, j’attends ma compagne et me demande pourquoi j’affectionne davantage ces boiseries antédiluviennes et cette tapisserie aux motifs fleuris que les jeux de lumière clinquants et les ‘banquettes-futons’ des derniers restos à la mode.
Je me demande aussi pourquoi mon serveur me charme autant. Peut-être est-ce parce que ses bretelles et ses manières lisses proviennent, elles aussi, d’une époque révolue, un peu plus tamisée, un peu plus réconfortante?
Hormis le champagne, on sent l’Italie partout, ici: carte des vins exclusivement italienne, un grand choix de pâtes et d’escalopes de veau de lait, des calmars à la sicilienne, de l’osso buco à la milanaise, une entrecôte grillée au vermouth et au gorgonzola ou un tiramisu.
Ne remarquant aucun choix de vin au verre, je me trouve attendri lorsque mon serveur m’offre au verre la bouteille de mon choix. Je tombe sous le charme du Soave Anselmi, un blanc à la robe dorée et au nez flirtant avec la pêche blanche. Son corps beurré de chardonnay et sa finale minérale de pinot gris font rouler les yeux, comblés, de Kim. Elle s’empresse d’ailleurs de porter à mes lèvres un tartare de boeuf que j’aurais souhaité plus charnu, mais qui s’avère savoureux dans sa déclinaison classique d’échalote, de moutarde ancienne et de câpres.
Ma chaudrée, trop crémée et trop salée, me donne davantage l’impression d’une sauce épaisse que d’un potage. Les fruits de mer y sont pourtant ajoutés à la dernière minute (donc cuits à point). Le pétoncle est soyeux, la crevette juste assez croquante. J’y pêche avec contentement.
Les ris de veau étant une spécialité de la maison, je m’empresse d’y mordre. Panure légère, ris fondants, sauce déglacée au porto apportant une justesse sucrée bienvenue. J’adore! Kim est moins fortunée avec ses tortellinis au chèvre. Bien que la pâte fraîche soit d’un al dente honorable, le goût du fromage et de la sauce rosée sont trop effacés.
Il en ira de même avec les saveurs, fades, de notre tiramisu, qui n’apportent pas la félicité espérée de ce monstre des classiques italiens.
Bien que la cuisine de La Perla manque de justesse et exagère son assaisonnement, sa finesse se situe ailleurs: dans un refus catégorique de rompre avec le passé, comme cette neige qui roule et s’attarde dans la nuit gelée.
Emballant /
L’affabilité contagieuse du service.
Décevant /
Une trop grande générosité de crème et de sel dans les sauces et les chaudrées.
Combien? /
Pour deux, environ 85$ le soir (pour une entrée, un plat principal et un dessert) et 35$ le midi (excluant boissons, taxes et service).
Quand? /
Du lundi au vendredi, de 11h30 à 14h et de 17h à 22h. Le samedi de 17h à 22h30. Fermé le dimanche.
Où? /
La Perla
1274, avenue du Chanoine-Morel
Québec
418 688-6060
www.laperlaristorante.com