À Montréal, la cuisine latino-américaine est plutôt confinée à sa plus simple expression, rustique et roborative. Mais Julieta Moros chambarde les traditions. Dans son minuscule restaurant à l’allure modeste, elle concocte des petits plats tout en finesse tirés d’un répertoire aux influences multiples: de son Venezuela natal à la Colombie, en passant par le Pérou et le Brésil. Et pour cause: Julieta a transité par les fourneaux de Mario Navarrete (Raza, Madre, À table), le premier à surfer sur cette vague de la nueva cocina latina qui donne des airs de jeunesse à cette gastronomie traditionnelle. Ainsi, les saveurs typiquement sud-américaines s’actualisent dans des assiettes joliment dessinées, très contemporaines, avec justesse, précision et, surtout, plaisir.
Au menu
Premier arrêt sur les routes sud-américaines: Venezuela. Voici l’arepita, une petite galette de maïs chaude à tremper dans un fromage frais crémeux agrémenté de ciboulette. Ce qui remplace avantageusement le classique pain/beurre.
L’entrée de pétoncle princesse est divine: tout juste cuit, il est déposé sur un mélange de polenta, de chorizo, de bette à carde et de tomates confites au vin blanc. Décoration? Un petit bâton de canne à sucre. Joli contraste.
La cachapa est la crêpe traditionnelle du Venezuela (faite de lait et d’œuf) que Julieta agrémente de huitlacoche (un champignon noir du maïs), de piment poblano rôti et d’une sauce au cheddar fumé. Au sommet, trône une crevette parfaitement cuite. Un régal.
Le «quisotto» est intéressant. Au lieu du riz? Du quinoa, la fameuse plante ancestrale venue du Pérou, très nourrissante. Crémeux, à la saveur noisettée, rehaussé de morceaux de courge, il est surmonté de chair effilochée de queue de bœuf, tendre, aromatisée à la cannelle et au clou de girofle. Les pois verts et la roquette donnent une touche fraîche à l’ensemble.
La poitrine de canard, juste saisie, est aromatisée au paprika fumé. Elle s’accompagne d’une mousseline de panais poivrée, de champignons shiitakes, de tomates confites, de panca (un piment fumé) et de bouillon dashi (aux algues). Ce plat nous a semblé plus fade, cependant. Moins punché que les autres.
Douceurs
Ah, le riz au lait! Celui de Julieta est parfumé à l’anis étoilé et à la cannelle, décoré de banane plantain, d’un sorbet au fruit de la passion et d’une réduction de betterave aux cinq épices. Exotique! Excellent également: sur un gâteau de courge et de patate douce (de sa mère), une boule de sorbet de lulo (un fruit exotique colombien acidulé), un peu de sirop et quelques graines de citrouille.
Emballant /
Une cuisine souriante, chaleureuse, sortie des fourneaux d’une jeune cheffe qui sait travailler avec précision et doigté. On aime!
Décevant /
Ce modeste petit resto manque encore de chaleur, côté décoration. La liste des vins est minimaliste, mais on nous le promet, ça va s’étoffer!
Combien? /
Prévoir une quarantaine de dollars par personne, sans alcool, ni taxes, ni pourboire.
Quand? /
Du mercredi au samedi de 17h à 22h et le dimanche de 10h30 à 14h30 pour le brunch.
Où? /
Julieta
67, rue Beaubien Est, Montréal
514 507-5517