Il était rayé depuis plusieurs années de mon écran radar, ce resto situé dans un ancien bureau de poste de la rue Saint-Joseph. J’y avais mangé deux fois, mal. Mais l’heure de la seconde chance a sonné, puisque deux nouveaux chefs sont à sa barre depuis l’été 2010.
Le soir de notre visite, le menu de printemps venait à peine d’éclore. Je me suis laissé emporter par l’enivrante idée d’un redoux en commandant un rosé catalan (Empordalia verdera), alors que David a opté pour son homologue blanc. Six dollars le verre? Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas bu à si bon prix au resto.
Si les premiers mouvements du service se sont longtemps fait attendre (service de l’eau, prise des commandes), la serveuse s’est bellement rattrapée par son dynamisme, sa gentillesse, son désir de nous voir satisfaits et ses recommandations de plats et de vins.
Frites de polenta, antipasti, pâtes en tout genre (dont un macaroni au fromage avec canard fumé maison), risottos, steak, agneau, boudin, canard, porc, saumon… Tout me fait envie. Mais la soupe marocaine titille une corde sensible. Avec raison. Faite de pois chiches (et presque aussi épaisse que de l’hoummous), elle est généreusement parfumée au gingembre, au cumin et à la coriandre. En solitaire, elle vous caresse les papilles avec adresse. Accompagnée du yogourt à la menthe déposé en son centre, elle les fait carrément vibrer. Vraiment, c’est réussi. Le tartare de boeuf de David est irréprochable: bien coupé, bien relevé, avec un goût de moutarde forte qui prend les devants, le tout présenté en verrine, en compagnie d’une salade à la vinaigrette crémeuse aux accents sucrés.
"La déco n’a pas tellement changé, il me semble", lui dis-je pendant que nous attendons les plats principaux. Encore beaucoup de bois, des plafonds hauts, de grandes fenêtres… et un certain manque de personnalité, de signature. C’est surtout l’ambiance, très animée, qui donne son charme à l’endroit.
Voici le risotto de cerf, champignons et courge butternut, qui semble absolument délicieux… mais dégage de robustes effluves d’huile de truffe (dont certains, moi y compris, commencent à être un peu tannés). Goûtons quand même… Cuisson du riz impeccable, coefficient de "fromagitude" élevé, généreux morceaux de cerf, tendres et goûteux, bon mariage de saveurs avec les champignons: il a de nombreuses qualités. Dans de longues assiettes blanches aux lignes pures arrivent mes deux tapas. Le filet de maquereau est de loin le plus réussi. Il est servi sur des demi-tomates cerises, avec des quartiers de pomme de terre rôtis et du fenouil poêlé, savoureux, encore bien croquant. Le plat de pétoncles déroute un peu: quatre mollusques (assez petits et un peu trop cuits) posés sur un délicat écrasé de patates douces et surmontés d’une tranche de bacon, le tout baigné d’une sauce vanille et estragon, deux saveurs très puissantes. La vanille se fait un peu trop insistante mais, contre toute attente, l’ensemble s’harmonise assez bien.
Il n’y a plus de crème brûlée, nous annonce la serveuse d’un air désolé. Nous optons donc pour le gâteau framboise-chocolat et le fromage-caramel. Ils sont corrects, mais ne passeront pas à l’histoire. La serveuse nous confirme que les desserts ne sont pas maison. "On les a déjà faits, mais c’était trop de travail." Dommage, surtout quand on sait que l’un des chefs est pâtissier de formation… Quand même, on reviendra.
Emballant /
Une cuisine faite avec soin et amour, une carte des vins loin des lieux communs et comptant plusieurs propositions au verre, un excellent rapport qualité-prix (entre autres la promo pour les détenteurs de billets du Théâtre de la Bordée: 20 $ pour une table d’hôte trois services).
Décevant /
Les gâteaux, qui ne sont pas à la hauteur des plats.
Combien? /
Pour deux personnes, pour trois services, 55$ le soir et 40$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Du lundi au vendredi midi et soir, samedi soir.
Où? /
Le Postino
296, rue Saint-Joseph Est
Québec
418 647-0000
www.lepostino.com