Mon chum se trouve en désavantage numérique en ce vendredi soir: le restaurant de cuisine végétarienne asiatique Zen n’est rempli que de femmes. Assises deux par deux, elles discutent masque à l’avocat, reiki et tisanes contre l’insomnie. On aurait voulu faire plus cliché que ça aurait été difficile…
Grand amateur de protéines animales, David regarde le menu d’un air dubitatif, voire anxieux. "Allez, tu vas survivre", lui dis-je. Ce ne sera malheureusement pas son "Cocktail détoxifiant" (pommes, carottes, betteraves et gingembre) qui l’encouragera… Il a beau être "bénéfique pour les taches sur la peau, les allergies et l’embonpoint", il laisse une désagréable texture sur la langue et son goût s’apprivoise mal. Mon "Célébration du printemps" (kiwis, pommes et épinards) est nettement meilleur, et très rafraîchissant.
Nous naviguons un moment parmi les sushis (sans poisson, évidemment), nouilles sautées et soupes-repas, analysons les différentes tables d’hôte et combinaisons de plats. Le menu Danse du printemps me tente, mais la serveuse m’informe qu’il n’est pas encore disponible. Pourquoi le mettre dans la carte, dans ce cas? Je me le demande.
Ma très chinoise soupe aigre et piquante arrive rapidement. Plus aigre que piquante, d’une belle épaisseur, elle compte des champignons, des carottes, des pousses de bambou et des flocons de soya. Suivent d’excellents rouleaux impériaux à la farce judicieusement assaisonnée et à la pâte divinement croustillante, quoique très grasse (disons que ça hydrate les doigts). Pour clore le bal des entrées, nous partageons des dim sums vapeur et grillés, garnis d’une farce de légumes loin d’être fade. La sauce, brune et épaisse, goûte bon le gingembre, mais est beaucoup trop froide. Quelques degrés de plus feraient toute la différence.
Nous attendrons nos plats principaux plus de 30 minutes, ce qui est bien au-delà de la limite raisonnable. L’incroyable inconfort des chaises n’aidera en rien notre agacement – ni nos maux de dos latents. Sérieusement, ces sièges suffisent pour jeter à l’eau l’objectif du resto: nous procurer un moment de détente (dixit le site Web). En plus, les tables sont trop basses, si bien que les cuisses peinent à s’insérer dessous.
Trêve de considérations mobilières, portons notre attention sur les plats, qui ont fini par arriver. Mes nouilles aux oeufs frites spéciales du bouddha contiennent une orgie de légumes sautés: brocolis, poivrons, carottes, champignons enoki et noirs, pousses de bambou, bok choy, chou chinois, ainsi que du tofu et du jambon végétarien. Belle cuisson, mais il y a trop de sauce; ça fait presque une soupe, les nouilles deviennent vite mollassonnes.
Les aubergines asiatiques et les légumes de David sont servis sur une plaque de fonte chaude. Ça grésille et ça embaume le basilic thaï, qu’il y a ici en très grande quantité! La puissante saveur anisée du basilic empiète un peu sur celle des légumes (maïs, petits pois, brocolis, carottes, bok choy…), mais avec les aubergines, l’accord est sublime. En accompagnement, un très bon riz qui nous semble au soya et au cinq-épices.
Nous concluons en légèreté, avec un thé oolong, un biscuit aux amandes et deux petites boules à la noix de coco, farcies d’une savoureuse pâte aux haricots rouges. Le moment de détente viendra plus tard, lors d’un indispensable massage lombaire.
Emballant /
Les plats bien assaisonnés, aux cuissons justes. Les prix abordables. La possibilité de réserver pour une cérémonie du thé à la chinoise.
Décevant /
Les chaises atrocement inconfortables. Le service lent et peu bavard. Les décorations de Noël (fin mars!).
Combien? /
Pour deux personnes, pour trois services, 40$ le soir et 25$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Ouvert tous les soirs, et le midi du lundi au samedi.
Où? /
Zen
966, boul. René-Lévesque O.
Québec
418 687-8936
www.restozen.ca