Restos / Bars

Le Clocher penché : Au café du soir qui penche

Le Clocher penché ne fléchit pas. Devant l’avalanche de nouveaux restos qui rivalisent de créativité dans son secteur, il continue d’arpenter le même sillon. Celui d’une cuisine plus orthodoxe qui brille par son excellence.

C’est l’anniversaire de Sophie, quelques bouteilles de champagne et de mousseux ont déjà été éclusées à la maison, si bien que nous débarquons en groupe, bruyant escadron de six affamés recrachés par un taxi devant Le Clocher penché où madame souhaitait fêter. Il est 21h, l’endroit est bondé, juste derrière nous ils sont une dizaine à célébrer un autre anniversaire. Une jeune femme ouvre des sacs-cadeaux à la chaîne, on applaudit, on ouvre du vin, du mousseux. Visiblement, nous sommes au bon endroit au bon moment.

Le Clocher penché compte parmi les rares restaurants à cultiver une presque parfaite constance, son esprit de bistro haut de gamme maintenu en équilibre grâce au souci de perfection en cuisine et à l’esprit des lieux, qui allie brillamment professionnalisme et juste dose de laisser-aller.

Le service est prompt, gentil, ponctué de conseils éclairants. On ne peut pas vraiment demander mieux.

C’est encore la carte d’hiver qu’on nous propose (elle a changé depuis), et comme il nous tarde de retrouver la chaleur perdue en chemin entre la maison et le resto, nos choix s’arrêtent sur des plats que la culture culinaire contemporaine range au rayon du réconfort. Navarin d’agneau pour moi. Épaule de porcelet de la ferme Turlo pour Sophie. Tous nos amis, eux, se partageront du cassoulet. En entrée, j’ai failli choisir la fricassée de poulpe, calmar et palourdes, tous les autres ont opté pour le fromage frais faisselle qui est au menu ici, sous différentes formes – y compris avec des fruits ou du sirop au brunch -, d’aussi loin que je me souvienne. Ce soir, on l’accompagne de canard fumé, figues et coriandre. Je plonge finalement et y vais pour le fondant de foies de pintade: il s’avérera tout simplement parfait, s’accordant avec l’acidité et le sucre des cerises qui le coiffent, sans parler du croûton garni d’une brassée de laitues, ces dernières mouillées d’une vinaigrette vaguement sucrée. Impeccable.

Patrick et moi scrutons la carte des vins. Lui en véritable connaisseur. Moi en amateur enthousiaste. Un nom nous accroche pour la référence littéraire (Les Raisins de la colère, Domaine la Tour Penedesses), et si je tique d’abord sur le prix, je me ravise: c’est la fête. Le nez est puissant, et en bouche, c’est riche, peut-être un peu tannique à mon goût, mais sans complètement inhiber le fruit. Un vin avec une personnalité forte, de la gueule. De quoi accompagner ce qui suit.

Mon agneau, d’abord, serti de panais, d’une purée de carottes, de choux de Bruxelles, mouillé d’un jus de viande exquis dans lequel je fais glisser des bouchées qui se détachent à la fourchette. De chez Sophie, des acclamations se font entendre. Son porcelet cache sous sa surface croustillante une chair goûteuse dont la texture moelleuse est exceptionnelle. Beau produit de chez Turlo (qui fait aussi dans le pigeonneau), superbement exécuté.

Les cassoulets ne déçoivent personne eux non plus. Les haricots résistent juste ce qu’il faut sous la dent, la saucisse est sapide, presque sans gras, le canard impeccable. C’est mon meilleur cassoulet à vie, dit Patrick, suivi de Jacques qui en pense autant. Les filles opinent, la bouche pleine.

On remet ça pour une autre bouteille! Celle-ci au nom de l’amitié et du talent de cuisiniers qui prennent le plaisir de leurs clients à coeur.

Emballant /
La qualité des produits, l’exécution parfaite, le service attentionné qui n’en fait jamais trop.

Décevant /
L’éclairage inégal (nous avions une lampe un peu forte juste au-dessus de la tête) et le bruit qui parfois nous empêche d’entendre ce que nous dit la personne face à nous.

Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 80$ le soir, 45$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire). Brunchs à partir de 16$ par personne.

Quand? /
Du mardi au vendredi, midi et soir. Samedi soir. De 9h à 14h pour le brunch la fin de semaine.

Où? /
Le Clocher penché
203, rue Saint-Joseph Est
Québec
418 640-0597
www.clocherpenche.ca