Il est rare qu’un restaurant procure plusieurs impressions d’ambiance. C’est pourtant le cas du Graffiti, qui propose l’intimité d’une verrière où l’épicurienne avenue Cartier défile sous nos yeux, un salon privé au sous-sol pour s’extraire du monde ou la tranquillité facile de sa section sur palier.
À notre arrivée, la verrière baigne de soleil et plusieurs clients sirotent des martinis, l’air affable. Ils semblent éprouver un malin plaisir à savourer leur début de soirée.
On commence par nous dessiner les lignes d’une carte des vins aux contours précis et subtils: une belle sélection au verre (on me propose d’ailleurs de goûter aux vins qui m’intéressent avant d’effectuer mon choix), une impressionnante palette de vins français où s’immiscent des crus californiens et italiens, des mousseux, des champagnes, des sauternes et une sélection de 15 portos.
Je me laisse guider par l’expertise de notre serveuse, qui possède une affinité pour le courant californien. Un zinfandel d’Amador County, Zinfatuation, viendra donc accompagner mon souper avec des notes de baies confiturées et une finale épicée. Une oeuvre honnête et franche sur le palais.
D’inspiration française et italienne, le menu rassemble ris de veau, canard, foie gras, pâtes et tartares, mais revisite aussi la bavette de cerf, les jarrets d’agneau, les escalopes de veau et les gambas (servis sur risotto aux pousses des bois).
J’aime l’art des bois, alors que Stéphanie s’amourache de la mer. En entrée, sa trilogie de crevettes à la salsa vierge, de saumon fumé farci et de tartare de thon est un véritable régal, tout en finesse dans les textures. On ne peut en dire autant de ma trilogie de canard: la cuisse confite fond en bouche, mais le magret fumé est difficile d’attaque pour les dents. J’aurais aimé qu’un croûton ou un pain brioché agrémente le fondant de foie.
Mon médaillon de cerf exprime ses notes boisées en déposant une belle amertume sur ma langue. Les pleurotes trouvent leur équilibre grâce à l’émulsion de cabernet juste assez sucrée qui les nappe. Ma compagne, elle, n’a d’yeux que pour son assiette du pêcheur. Elle ne sait où s’arrêter tant le choix est vaste: les pétoncles arrosés de beurre fumé? Le filet de sole et sa croûte de beurre qui révèle une chair soyeuse camouflée en dessous? Les crevettes et le saumon, sans être un pêché, sont un peu trop cuits. Nos légumes d’accompagnement du marché, eux, sont savoureux. Or je me questionne. Ne serait-il pas plus convenable de ne pas marier les mêmes légumes avec des plats aussi différents?
Au dessert, une esquisse de sourire sur les lèvres de Stéphanie, tandis que nous partageons un fondant au chocolat et une glace au café qui contentent son vilain penchant pour le sucre. Le fondant a été salé avec générosité. Inopportun pour un palais en quête de subtilité.
Les propositions du Graffiti demeurent un spectacle pour les yeux. Il ne lui manque, peut-être, qu’un léger souci de précision dans les nuances de sa cuisine pour l’élever vers une excellence qu’on arrive presque à toucher.
Emballant /
Le service hors norme et la carte des vins.
Décevant /
Le manque de souci des accompagnements.
Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 85$ le soir, 40$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Du lundi au vendredi, de 11h30 à 14h30 et de 17h à 22h. Le samedi et le dimanche de 9h30 à 15h et de 17h à 22h.
Où? /
Graffiti
1191, avenue Cartier
Québec
418 529-4949
www.restaurantgraffiti.com