Je l’avoue, j’ai péché. Par excès de préjugés. Comme le restaurant-bar Zibo! est une franchise d’une bannière qui essaime en banlieue montréalaise, je redoutais d’y trouver une cuisine générique, sans trop de personnalité, où la qualité des produits et de l’exécution passe loin derrière l’épate du décor.
Je l’avoue, je me suis trompée. Certes, Zibo! offre une carte foisonnante dans laquelle on pourrait déceler une tendance à l’éparpillement (salades, pizzas, grillades, poissons, pâtes, burgers). Et oui, la déco a fait l’objet de beaucoup d’attention et d’investissements, pour un résultat urbain-chic réussi: omniprésence de bois et de pierre, lustres clinquants, banquettes noires, miroirs en abondance, élégant cellier central, fenestration en courbe pour une vue panoramique…
Malgré ces arguments qui pourraient faire craindre le pire pour la bouffe (quand même le coeur de l’expérience au resto), on mange fort bien à ce Zibo! Au fil de notre repas orchestré par un serveur efficace et sympathique, nous avons d’abord découvert les vertus des crab cakes, sans poivrons rouges (bénédiction!) et dotés d’un excellent ratio crabe/pommes de terre. Panure croustillante, pas trop épaisse, mayo épicée bien relevée. La salade d’accompagnement en jetait tout autant avec sa roquette, ses demi-tomates cerises, ses mangues en julienne mouillées d’une vinaigrette crémeuse aux accents de sésame. La salade de David (roquette, figues séchées marinées, copeaux de parmesan, noix de Grenoble) et même la petite verte de ma mère (avec vinaigrette balsamique-miel bien équilibrée) ont déployé des charmes similaires.
Dans la carte des vins bien fournie, nous avons choisi un pinot noir californien (Santa Barbara Wine Company, 2009), tout en souplesse et en cerises. Ma poitrine de poulet noircie aux épices cajun, malgré la légère surdose de sel de sa croûte, m’a ravie par sa tendreté. Si la relish d’ananas poivrée manquait de liant (c’étaient des cubes, pas une relish), le gratin dauphinois était généreux en crème et parfaitement cuit. Complétée par des carottes, des brocolis et des tronçons d’asperges, cette assiette est vite venue à bout de mon appétit. Un doggie bag a été appelé en renfort. La pizza au poulet Sante Fe enchante sûrement les enfants avec son motif de soleil fait de tranches d’avocat et d’un monticule de crème sure. Dessous, du poulet mariné à la lime, de la mozzarella et du Monterey Jack, des oignons rouges caramélisés et des poivrons rouges, sur une pâte craquante au goût de beurre. Très frais. Le saumon (quelle pièce!) laqué d’une sauce soya et agrumes que mon père a choisi était aussi d’un bel équilibre, alors que la bavette grillée de ma mère était si tendre qu’on aurait presque pu la confondre avec un filet mignon.
Comme c’est souvent le cas lorsque les desserts ne sont pas faits maison, ils ne se sont pas révélés à la hauteur du repas. Le fondant au chocolat était étrangement salé, et le gâteau au chocolat avec morceaux de gâteau au fromage était simplement correct. Mais rien pour ternir le souvenir de ce souper qui m’aura rappelé de ne jamais juger avant d’avoir goûté…
Emballant /
Une cuisine non dénuée de personnalité bien qu’elle soit destinée à plaire à tous. Les salades, excellentes. L’ambiance accueillante pour les familles malgré la "branchitude" du lieu (les mordus du 5 à 7 se tiennent côté bar, de toute façon).
Décevant /
Les desserts et la musique de la section bar, qui se fraie trop souvent un chemin jusqu’à la partie resto.
Combien? /
Pour deux personnes, environ 40$ le midi et 70$ le soir incluant entrée et dessert (avant taxes, boissons et pourboire).
Quand? /
Dès 11h tous les jours.
Où? /
Zibo!
Complexe Jules-Dallaire
2828, boul. Laurier, 4e étage
Québec
418 524-5525
www.restaurantszibo.com