Restos / Bars

Les Ancêtres : Chez grand-maman 2.0

Avec sa carte à deux versants, l’auberge-restaurant Les Ancêtres satisfait autant les envies de cuisine traditionnelle que de plats du terroir. En prime, elle comble les yeux en manque de vert et de bleu.

Vous feriez des bassesses pour du bouilli, un ragoût de boulettes, une soupe aux pois et jambon d’antan ou du rôti de porc avec patates jaunes? Prochaine destination: Les Ancêtres, restaurant récemment bonifié d’une auberge situé à l’entrée de l’île d’Orléans. Mais sachez qu’on y mange autre chose, et heureusement, car même si j’ai souvent envie de me blottir dans le réconfort de la bouffe de grand-mère, en pleine canicule, ça m’inspire moins.

J’ai donc choisi parmi les plats du terroir, dès que je suis parvenue à détacher mes yeux du fleuve, des montagnes et du flamboyant coucher de soleil sur lesquels la terrasse couverte donne vue. Ça fait agréablement changement des terrasses urbaines bondées, bétonnées et surchauffées. La salle à manger n’est pas en reste: on a habilement évité le piège du champêtre à outrance sans sacrifier le caractère chaleureux des boiseries et des vieilles pierres.

Munies de nos verres de picpoul de Pinet (Domaine Reine Juliette) et de madiran (Torus, Alain Brumont), Catherine et moi attaquons nos entrées. La crème brûlée de paillot de chèvre, accompagnée d’une salade mouillée d’une vinaigrette aux tomates séchées, est réussie. La croûte, au craquant parfait, goûte beaucoup l’érable, soit, mais je n’ai aucun problème à m’ouvrir l’appétit avec un brin de sucré. Léger débalancement de saveurs dans l’entrée d’escargots et de crevettes nordiques, cependant: avec la sauce au pernod et la tatin de fenouil, ça donne un plat un peu trop anisé.

Trois énormes pétoncles cuits à l’unilatérale apparaissent devant Catherine. Irréprochablement grillés, ils sont encore fondants à l’intérieur. Ils sont apprêtés «à la grenobloise», avec tombée d’oignons rouges, câpres et citrons confits. Dessous, une polenta frite aux épinards. Rafraîchissant. Tendre et goûteuse, ma bavette de bison file le parfait bonheur avec sa sauce au Capiteux (porto de cassis de Cassis Monna et filles). Le beurre de genévrier, au goût d’érable (!?), est de trop dans ce mariage; je le mets en quarantaine. Les courgettes, carottes et betteraves jaunes saupoudrées de cari, ainsi que les portobellos, éclipsent le riz sauvage, peu inspirant.

Le soleil est tapi derrière les montagnes, quelques hirondelles font un vol de reconnaissance sous le toit de la terrasse. Une brise bienvenue se lève en même temps qu’arrive le pouding chômeur. Moelleux et généreusement imbibé d’une sauce à haute teneur en cassonade et en érable, il est possiblement le meilleur que j’aie mangé… Un aveu brise-cœur pour ma grand-mère, mais elle n’est plus là pour le lire.

Emballant /
La splendide vue qu’offre la terrasse. Le pouding chômeur, impeccable.

Décevant /
Le service parfois lent.

Combien?
Pour deux personnes, pour trois services, environ 90$ le soir (avant taxes, boissons et pourboire).

Quand?
Le soir du mardi au dimanche.

Où?
Les Ancêtres

391, chemin Royal, Saint-Pierre-de-l’Île-d’Orléans
418 828-2718
lesancetres.ca