Restos / Bars

La Gueule de bois : Atomes crochus

Les restos sans prétention dont la cuisine réjouit et enchante, on adore. L’Affaire est ketchup, Le Moine échanson, vous voyez le genre. La Gueule de bois s’ajoute à la confrérie, malgré quelques imperfections. Récit d’un premier rendez-vous.

Ça faisait un moment que je trépignais d’impatience de souper chez le nouveau voisin de La Cuisine, joliment nommé La Gueule de bois. Comme à chacun de mes premiers rendez-vous gourmands, j’étais un peu fébrile en m’y attablant. La première impression a été plutôt bonne: la salle à manger m’a plu avec ses tables de bois, ses sièges noir et rouge, ses luminaires à ampoules apparentes et ses bouteilles couchées derrière le comptoir. Sans parler de la touche baroque apportée par l’antique machine à laver qui fait office de lavabo dans les toilettes. Le service, en revanche, ne m’a pas impressionnée outre mesure: qu’il soit décontracté, je n’ai rien contre, mais ça prend quand même un minimum de décorum et de volubilité.

Les choses ont fort bien tourné dès que j’ai aperçu le prix des vins: à peine deux fois celui de la SAQ. Une rareté! Catherine et moi avons donc commandé avec enthousiasme une bouteille de syrah Finca Antigua La Mancha.

Les mises en bouche ont bien joué leur rôle d’allumeuses: délicat gravlax de truite et crème fouettée à l’aneth (aux saveurs bien concentrées) et parfait de foie de lapin en pot chapeauté d’un confit de carottes et kumquats (superbe alliance de goûts).

Petite baisse de régime avec les entrées. Même si l’ensemble était très bon, on perdait complètement le goût du bison en carpaccio parmi les betteraves Chioggia, les champignons marinés et le fromage Alfred le fermier. Débalancement similaire du côté du tartare de canard à la moutarde de Meaux, câpres et cornichons: il était tellement piquant qu’on ne goûtait pas du tout la viande. Même la salade de roquette en accompagnement était trop relevée.

L’équilibre a heureusement repris le dessus avec le filet de doré (un peu mince, mais à la cuisson impeccable) parsemé de dés de poires à la sauge. Une garniture sucrée que venait contrebalancer à merveille d’excellents raviolis de boudin noir, salés comme il se doit. Le coup de grâce (dans le sens positif du terme) a cependant été porté par les cuisses de faisan confites et laquées au miel, servies sur un risotto au lait de coco aux saveurs subtiles, en harmonie avec le sucré-salé de la peau divinement croustillante du volatile, lui-même d’une surprenante tendreté. Une franche réussite, complétée d’une asperge, de courgettes vertes et de poivron rouge.

Cette première rencontre s’est conclue en beauté avec une délicieuse crème brûlée à l’érable et une verrine au citron, bleuets et crumble tout estivale. (Enfin, des portions qui respectent les appétits normaux!) Gueule de bois, on se reverra. En plus, j’ai ton numéro.

Emballant /
La cuisine généralement fort bien exécutée. L’addition plus que décente compte tenu de la qualité.

Décevant /
Le service peu bavard.

Combien?
Pour deux personnes, pour trois services, environ 35$ le midi et 65$ le soir (avant taxes, boissons et pourboire).

Quand?
Le soir du mardi au dimanche, le midi du mardi au vendredi.

Où?
La Gueule de bois

207, rue Saint-Vallier Est, Québec
418 353-0505
lagueuledebois.ca