Restos / Bars

Le Continental

Au Continental, le poids des traditions n’alourdit en rien une expérience aux accents délicieusement surannés.

Service au guéridon, personnel vêtu de blanc avec serviette sur l’avant-bras, doubles nappes empesées, argenterie à l’ancienne: au Continental, les traditions de la fine cuisine française perdurent avec panache. Dès qu’on entre, on sent planer un certain décorum dont d’aucuns diraient avec regret qu’il appartient à une autre époque. Pendant qu’on s’assoit dans le fauteuil tiré par le serveur, on savoure déjà cette escapade dans un univers qu’on fréquente peu.

La déco, évidemment, est à l’avenant: pas d’inox ni de murs charbon ici, plutôt une épaisse moquette à motifs, des murs d’un bleu gris enveloppant, des boiseries rouge vin, des bouquets de fleurs. Les serveurs sont déjà aux petits soins, nous décrivant en détail le menu, nous apportant eau et vin avec une efficacité remarquable.

Dans la carte se côtoient grillades, poissons, fruits de mer, ainsi que mets flambés, prétexte à une cérémonie au guéridon. Je commence en grand avec l’«entrée d’or», soit quatre classiques de l’endroit: ris de veau aux pleurotes (délicats, tendres, au goût fin); langoustine nappée de bisque sur riz sauvage (savoureuse); chair de pattes de crabe en pâte feuilletée sur rémoulade de céleri-rave (très frais, mais le crabe est mal nettoyé); foie gras au torchon sur pain brioché (correct). David, plus sage que moi, a opté pour les pétoncles miel et moutarde, trois mollusques de taille moyenne, rôtis et tendres, dont la saveur ne se voit nullement éclipsée par la sauce, délicate.

Notre serveur s’active au guéridon depuis un moment déjà pour préparer mon filet mignon en boîte Grand Spécial. Pourquoi en boîte? Parce qu’il est cuit dans une casserole haute. Quelle pièce, ce filet! Avoir su, j’y serais allée mollo sur l’entrée… Le serveur le flambe au brandy, puis déglace la casserole au vin rouge, avant d’ajouter un peu de moutarde, de la demi-glace, du romarin et de la sauge. La cuisson ne pourrait pas être plus parfaite: saignante à souhait, la viande est d’une tendreté irréprochable. Je ne prends qu’un peu de sauce avec chaque bouchée, pour goûter pleinement cet hommage aux carnivores. Habitué au multitâche, le serveur a aussi découpé, puis dressé devant nous la perdrix de David, servie avec une délicieuse sauce périgourdine (porto, foie gras, champignons). Les accompagnements ne brillent pas par leur originalité, mais on s’en accommode: purée de pommes de terre, purée de légumes, carotte, chou-fleur, poivron rouge.

La conclusion nous laissera le sourire aux lèvres: un Saint-Honoré fort honorable, et une fabuleuse incursion en Italie avec la cassata, combinant mascarpone, crème glacée au chocolat et crème glacée à la vanille aux fruits confits bien tendres, le tout baignant dans le Cointreau.

Emballant /

Le service au guéridon, très classe et requérant de nombreuses aptitudes de la part du personnel.

Décevant /

Les présentations sommaires.

Combien? /

Pour deux personnes, pour trois services, environ 130$ le soir, 40$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).

Quand? /

Ouvert midi et soir la semaine, le soir seulement la fin de semaine.

Où? /

Le Continental

26, rue Saint-Louis, Québec

418 694-9995

restaurantlecontinental.com