Il a suffi d’un nom, celui de Jamie Oliver, pour déchaîner les passions. La vedette britannique a effectivement investi dans ce nouveau resto de Derek Dammann (ex-DNA), mais c’est bien tout. Le local, l’ancien Yoyo, a été complètement transformé, et c’est splendide. Un air de pub anglais absolument charmant, avec son grand bar, ses petites tables de bois et, en arrière, une salle plus tranquille. Convivial!
Au menu
Le menu s’affiche sur des morceaux de papier collés sur un tableau: très succinct. Il faut décoder et surtout poser des questions pour comprendre. Un trifle au crabe? Concept dérivé du british dessert qui décline, dans une grande verrine, de la chair de crabe, de la sauce tomate et de la purée d’avocat. C’est amusant, mais un peu fade. La sauce tomate goûte la pâte de tomate, et l’avocat manque d’un je-ne-sais-quoi, un peu de lime et de coriandre?
Le calmar de Humboldt est beaucoup plus intéressant. Cette immense bête (dosidicus gigas ou encore diable des profondeurs) a une tête à la chair épaisse. En témoigne ce généreux morceau à l’odeur de pétoncle. Juste saisi, il est tendre et délicat, appuyé d’une délicieuse sauce au beurre et vin blanc fumés où baignent morceaux de jambon, pois frais, coquillettes et carottes.
Côté plats, c’est brut et rustique. Le gigot, rosé, d’agneau se présente en deux belles tranches accompagnées de pommes de terre «boulangères», en fines lamelles, où se cachent des oignons confits et de la moutarde. Malheureusement, nous avons dû retourner une des tranches, coriace, mais elle a été remplacée illico.
Le filet de poisson, du colin parfaitement cuit, est servi avec une sauce crémeuse et onctueuse genre béarnaise, au cerfeuil et à l’estragon. Excellent, n’eût été la sauce trop salée. Un problème récurrent dans les restos en ce moment. Il est tellement plus agréable de saler nous-mêmes, avec un peu de fleur de sel, non?
Ne soyez pas surpris: les plats n’ont pas nécessairement d’accompagnements. Il faudra les acheter à part, comme ces bettes à carde passées à l’huile d’olive (et un soupçon de vinaigre), dont les tiges colorées décorent joliment l’assiette, mais sont immangeables tant elles sont fibreuses.
Douceurs
La tarte aux prunes est un petit bonheur: de la frangipane qui cache le fruit, un coulis de prunes et une quenelle de crème fouettée peu sucrée pour équilibrer le tout. Un régal. Le gros pot de pommes caramélisées et crème fouettée (encore!) est également épatant. Encore!
Emballant /
La jeunesse bilingue est au rendez-vous. Voir les deux solitudes se rencontrer dans cette belle ambiance est une véritable surprise à deux pas de l’avenue Papineau!
Décevant /
L’entrée de trifle au crabe, facturée 20$, est plutôt fade et décevante. L’abus de sel gâche le plat de poisson.
Combien? /
Comptez une cinquantaine de dollars par personne, sans alcool, ni taxes, ni service.
Quand? /
Du mercredi au dimanche, en soirée seulement. Brunchs les fins de semaine.
Où? /
Au 4720, rue Marquette (angle Gilford). Pas de réservations.
Tél.: 514 507-0555
Belle illustration de la grande misère de la cuisine à Montréal: 50$ sans le vin pour manger quoi? Rien dont vous vous souviendrez le lendemain.
Ces endroits vaguement « branchés » sont exaspérants.
Une exception au genre: Le souvent excellent bouillon Bilk dans le bas de St Laurent. Innovant mais sérieux. Vins bien choisis aussi, bien qu’insuffisamment suivis.