Tazah

La vie nous réserve parfois de belles surprises. C’est ce dont les propriétaires du Tazah, Saadalah Maksoud et Roula Taalab, peuvent témoigner chaque jour, puisqu’il n’y a pas si longtemps encore, ils étaient artistes peintres et designers en Syrie. Toutefois, lorsqu’ils sont venus s’implanter au Québec, le monde de la restauration a été naturel pour eux. Roula explique en riant: «On adorait déjà cuisiner et on invitait beaucoup chez nous. Mais vous savez, c’est le cas de beaucoup de Syriens. Ils vivent pour manger, ils sont très gourmands. Alors ils prennent beaucoup de plaisir à cuisiner, et ils parlent tout le temps de nourriture.»

Un concept double

Tazah signifie «frais» en syrien. Ce qualificatif n’a pas été choisi au hasard, puisque Saadalah et Roula tiennent tout autant à la qualité des ingrédients qu’ils utilisent qu’au respect des façons de faire syriennes. «On fait tout maison, commente Roula. Et on essaie de le faire comme nos grands-mères. Par exemple, je ne veux pas qu’on utilise une machine pour broyer l’ail, mais un pilon de bois. Sinon, ce n’est pas le même goût en fin de compte.» Cette exigence transparaît aussi bien dans le menu du café que dans celui du restaurant. D’ailleurs, pourquoi avoir lancé ce concept double? «On était, mon mari et moi, passionnés par les sandwichs syriens et on voulait les importer ici. Mais la proposition n’était pas assez fournie, nous avons donc séparé l’espace pour avoir aussi une portion restaurant.» En plus des sandwichs, la carte du café compte des plats du jour chauds, idéaux pour manger sur le pouce.

Au menu

La cuisine du Tazah est le reflet de ce que l’on sert en Syrie. On y retrouve ainsi des spécialités datant de plusieurs millénaires comme des plats à consonance grecque, palestinienne ou turque. «Il y a beaucoup de mélanges ethniques là-bas, donc cela transparaît dans la cuisine, explique Roula. Par contre, sans être chauvine, lorsqu’on reprend ces recettes, on les améliore.» Donc, tentez l’expérience en essayant des yalanjis, des feuilles de vigne et des courgettes farcies au riz et aux légumes, ou encore des baklavas pour le dessert. En entrée, il ne faut sous aucun prétexte passer à côté des mezze, de multiples entrées froides ou chaudes que l’on partage avant de passer aux choses sérieuses. «On a l’habitude de grignoter un peu de tout, cela met en appétit pour le reste.»

Au choix sur le menu, une quinzaine de spécialités, parmi lesquelles on retrouve notamment du moutabal aubergine, constitué d’aubergines grillées et fumées, puis écrasées avec de la pâte de sésame, et additionnées de vinaigrette syrienne, elle-même faite d’huile d’olive, de yaourt, de pommes grenades et de persil… Avec une telle liste d’ingrédients, on comprend pourquoi les mets ont un goût aussi complexe et raffiné! La fête se poursuit avec les plats de résistance, qui mettent beaucoup la viande de bœuf et d’agneau à l’honneur: jarrets braisés, kebabs (viande hachée mélangée à des noix de Grenoble et à des pistaches), kibbés (boulettes de bœuf mélangées à du boulgour), étagés appétissants. Les carnivores apprécieront, mais ceux qui préfèrent le poisson pourront essayer des filets à la sauce tarator, à base de tahiné (crème de sésame).

Quant aux desserts, Roula recommande le mamounié, servi chaud et constitué de semoule de blé rôtie, de sirop à la fleur d’oranger, de beurre clarifié, de ricotta, de pistaches et de cannelle.

Et l’ivresse, alors? Eh bien, en dehors du traditionnel arak, alcool anisé local, la carte du Tazah comporte plusieurs vins libanais. Et aurait des vins syriens (du domaine Rayan, par exemple) à offrir si ce n’était des conflits qui déchirent malheureusement ce pays. «Et même de la bière de Shark», ajoute Roula. Comme le requin? Non, comme «Orient», voyons! Il y a tant de choses intéressantes à découvrir sur cette culture. Un petit tour au Tazah vous en convaincra.

Tazah

212, avenue du Mont-Royal Est

Montréal

514 750-9800

tazahresto.com