iX pour Bistro
Il ne faut pas se fier à la devanture peu invitante ni au décor sommaire. Au iX pour Bistro, toute l’énergie est déployée afin que le bonheur soit dans l’assiette. Et ça fonctionne.
Le resto passe presque inaperçu, si ce n’est l’intrigant écriteau en forme de boutade mathématique «iX pour Bistro» accroché à ce blockhaus de Limoilou qui abritait autrefois le bien nommé Cube à pizza.
Cela fait quelques fois que je fréquente l’endroit le midi dans sa nouvelle incarnation, et on peut parler de renaissance puisque ce lieu autrefois dédié à la malbouffe révèle désormais les talents d’un nouveau proprio qui connaît la bonne. Ce qu’allait confirmer ma visite nocturne avec Sophie, multipliant mon enthousiasme devant la réussite de chacun des plats.
Ce soir-là d’ailleurs, il est seul, le chef, assurant le service et la cuisine. Et pourtant, l’attente est tout à fait acceptable vu le nombre très restreint de places et les quelque quatre tables occupées. «Quand j’ai beaucoup de réservations, j’ai de l’aide», nous rassure-t-il. Le menu nous est révélé dans le détail et Sophie hésite pour l’entrée. Tentée par les pétoncles à la mangue et au fenouil, elle penche finalement pour leur contraire, ou presque: une soupe à l’oignon, mais dont la base est au poulet plutôt qu’au bœuf, et dont les croûtons nageant en surface sont recouverts d’Oka. Le résultat, moins lourd que l’original, est néanmoins délicieux. Quant aux foies de lapin aux champignons qui me parlaient depuis l’ardoise, ils sont tout simplement parfaits. Blondis, presque croustillants à l’extérieur et presque onctueux au cœur: ils fondent en bouche, aidés par une demi-glace, des oignons caramélisés et de jolis champis.
Je poursuis dans la même veine, quoiqu’ayant été tenté par le risotto aux crevettes et pétoncles, et j’y vais pour les short ribs de bison (prière de ne pas appeler à l’OQLF, merci). Sophie penche pour la truite et son beurre blanc à la sauge. Mes côtes de bison arrivent dressées, comme les remparts d’une forteresse. Elles sont tendres, la chair exquise soutenue par le sucre d’une purée de courge musquée lisse comme un fantasme. Sophie dévore sa truite, s’amuse de son écrasé de pommes de terre au pulled pork (peut-être un peu discret, le porc), grignote ses légumes parfaitement cuits, comme les miens.
Je redoute un peu le dessert, craignant que le resto aux proportions lilliputiennes ne daigne pas en produire intra-muros. Erreur! La blitz torte allemande est un véritable bonheur où des fraises nagent dans la crème pâtissière sur une abaisse croquante au maïs, l’ensemble surmonté d’une aérienne meringue. Mais c’est le «foie gras signature» qui impressionne par sa simplicité autant que par son goût. Variante de la beurrée à la crème d’antan, on y couche de la mie de pain gavée de crème, saupoudrée de cassonade, puis de foie gras au torchon qu’on a congelé pour l’y râper en flocons qui fondent sur la langue. Une finale à l’image du reste de la soirée: on aurait dit que tout au long, il neigeait de discrets flocons de bonheur.
Emballant /
Service sympa, détendu, excellente musique, assiettes complexes et parfaitement réalisées.
Décevant /
On aime bien les cuisines ouvertes, mais on sent la bouffe après…
Combien? /
Le midi, pour deux, environ 40$, et le soir, 70$ pour entrée, plat et dessert, excluant taxes, boissons et service.
Quand? /
Du mercredi au vendredi midi et soir, samedi et dimanche le soir seulement.
Où? /
iX pour Bistro
1104, 18e Rue, Québec
418 914-8525
J’y vais souvent et je confirme ce qui est relaté dans cet article.
Excellente critique pour un excellent resto !