La Planque
Très loin de surfer gentiment sur la popularité de son principal artisan – qui a remporté l’avant-dernière édition de la téléréalité Les chefs! à la SRC –, La Planque fait preuve d’autant d’audace que de talent.
C’est un gros béguin que nous avons pour ce resto. Très gros. Le midi comme le soir, des cocktails au dessert, l’entreprise de séduction opère sans faillir. Ça commence avec le décor, volontairement bancal sans être bâclé. Du genre qui assume une rusticité sympathique répondant à la délicatesse du service et à la recherche dont témoignent des plats à la fois copieux et fins, riches et subtils.
Parlons donc de ces derniers, issus d’une cuisine plus bistro le midi, mais dans la mouvance bistronomique le soir, donc élaborée avec soin afin que s’y marient des produits de qualité, une exécution impeccable et la recherche qui fait se rencontrer textures, goûts et saveurs afin de provoquer une série de sentiments qui convergent vers l’éblouissement. En témoigne l’œuf de poule, en entrée, que notre serveur m’a convaincu de prendre alors que je tendais plutôt vers les huîtres et leur crème aux lardons, ou les morceaux de contrefilet grillé avec yogourt au raifort et salsa verde. Déçu, je ne le fus point. Bien au contraire. Notre ami Sébastien, qui avait penché pour le même plat, n’en revenait pas non plus qu’un œuf au plat déposé sur des gnocchis, pleurotes et petits oignons qui nagent dans une sauce à la crème puisse être aussi bon. C’est le genre de grâce que l’on souhaite toujours au resto, quand les choses simples se marient si parfaitement qu’elles en perdent leurs identités respectives pour en former une nouvelle, parfaite. Et c’est exactement ce qui se produit ici. À côté de nous, aucune plainte non plus, et même plusieurs onomatopées de satisfaction tandis que nos accompagnatrices dégustent une laitue romaine maculée de sauce gribiche et une truite norvégienne cuite sous vide pour obtenir une texture presque onctueuse.
Pour la suite, je jubile. Mon jarret d’agneau est gros, se défait au moindre souffle, sa surface caramélisée relevant d’un cran son goût exquis. Et d’un cran, encore, le plaisir monte, avec une trempette dans l’anchoïade ici, et un peu de cette superbe polenta au feta par là. Sébastien est un peu déçu par son cochon, cependant délicieux, accompagné d’une purée d’échalotes somptueuse. Mais il le trouve trop gras (ce qui, moi, me conviendrait, ça dépend des goûts). Le colin accompagné d’orgetto aux champignons et les pétoncles sur orzo à l’effiloché de bœuf de nos délicieuses compagnes produisent leur effet. On aime le «foam» de céleri-rave et le jus anisé des seconds – sans parler de leur cuisson parfaite. Quant au colin, il nage dans une bisque qui s’apparente à une injection de bonheur gustatif instantané.
Une gorgée d’une grosse 50 (servie avec un petit verre «à fort», comme dans les tavernes) et une bouteille de Château Les Mangons nous coupent l’appétit. Mais on s’en fout, on prend quand même du dessert. Trous de beignes qui goûtent la queue de castor sur crème au citron, délice de caramel et barre chocolatée (dite à Betty) nous achèvent, et nous quittons, heureux et repus.
Emballant /
La bouffe comme l’ambiance, le service éclairant mais décontracté.
Décevant /
Le vin rouge servi trop froid, autour de 12 degrés Celsius.
Combien? /
Pour deux, 50$ le midi et 85$ le soir, pour trois services, excluant taxes, boissons et service.
Quand? /
Du mardi au samedi soir, et du mardi au vendredi midi.
Où? /
La Planque
1027, 3e Avenue, Québec
418 914-8780