Taverne Grande Allée
Sur une artère où les restos affichent des prix parfois indécents et où le bling-bling relègue l’authenticité au troisième sous-sol, la Taverne Grande Allée fait figure de rebelle rafraîchissante.
Des tableaux religieux détournés, avec têtes de mort et masques de lutteurs mexicains. De la brique partout, du bois dépoli, des guirlandes d’ampoules opaques aux couleurs chaudes. Un grand bar au centre, autour duquel de jeunes hommes sirotent une grosse 50 ou une des nombreuses bières en fût, discutant fort et jetant un œil à l’un des écrans qui diffuseront bientôt le match de hockey. Du Joan Jett dans les haut-parleurs. 10/10 pour l’ambiance taverne, en plus classe (on est sur Grande Allée, quand même).
Catherine est affamée, veut tout commander parmi les boulettes, les brochettes, le chili au canard confit et la dizaine de tacos. Deux pintes nous aident à patienter après que nous avons remis la feuille de papier portant notre commande au sympathique serveur. Celui-ci se ramène vite avec un énorme plateau en inox garni de diverses barquettes en carton. «Allez-vous être capables de manger tout ça?» Mets-en. Surtout que ça a l’air délicieux.
À la suggestion du proprio qui passe par là, nous commençons par les tacos – ils refroidissent plus vite. Celui au porc, parmesan, mayo à la truffe et roquette renouvelle joliment la tradition, mais je craque pour le taco au porc BBQ, oignons frits et coriandre, une merveille du genre. Celui au poulet chipotle, avec sa sauce légèrement fumée, pourrait être plus piquant, alors que celui au bœuf Brazil, avec sauce chimichurri (j’en ajouterais), poivrons et fromage frais (panela), propose un mélange de saveurs réussi. Mention aux tortillas, fraîches et tendres.
Les trois crevettes coco, dodues, juteuses et à la chapelure juste assez sucrée, ne font pas long feu, parfaites avec leur coulis de mangues épicé. La panure à base de farine de maïs des calmars plaira à ceux qui détestent l’excès de gras. Une giclée de sauce Valentina donne du caractère à la sauce tomate qui les escorte.
Avant d’attaquer les boulettes, je pige une fourchette dans le six-pack de Corona, sur la table, qui loge sel, poivre, ustensiles et serviettes de papier. Les premières sont italiennes et irréprochablement assaisonnées, garnies de sauce tomate et de parmesan râpé. Mais les bitterballens, d’origine hollandaise, raflent les honneurs – et les superlatifs. Un parfait mélange pané de viande hachée, gouda fondu et persil (ou ciboulette?), qui goûte un peu… la poutine. La faute au fromage, ou à un liant de fond de bœuf ou de veau? Peu importe, avec la mayo à la moutarde forte et au cari qui rehausse tout ça, c’est assurément LE plat incontournable ici.
Nous ne sommes pas au bout de nos agréables surprises: au dessert, nous fondons devant un excellent gâteau Reine Élisabeth passé rapido sur le gril et nappé d’une décadente sauce à base de cassonade. Avec une liqueur de café à la tequila Patrón, l’extase est totale.
Emballant /
Un endroit génial comme il y en a trop peu à Québec pour sortir boire un pot entre amis, bien manger pour pas cher et regarder le match (ou pas).
Décevant /
Quelques ajustements à apporter à certains tacos.
Combien? /
Pour deux personnes, pour trois services, environ 55$ le soir, 25$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Du mardi au dimanche dès 11h, le lundi dès 15h.
Où? /
Taverne Grande Allée
585, Grande Allée Est, Québec
418 522-8226