Auberge Aux quatre délices
Jouant habilement avec les produits de la région portneuvoise, le chef de l’Auberge Aux quatre délices redore le blason culinaire du «comté», comme l’appellent les résidents du coin.
Ayant grandi dans la contrée portneuvoise et y ayant encore famille et amis, je peux vous le confirmer: les bonnes tables y sont rares. Cas d’exception, Philippe Gasse (anciennement serveur au Saint-Amour) et sa conjointe Catherine Labrecque (ex-éducatrice spécialisée) ont fait le pari d’y proposer une cuisine raffinée et accessible, concoctée avec les meilleurs produits des environs. Le tout dans un charmant écrin, soit la maison Denis à Neuville, belle canadienne presque tricentenaire au cachet préservé.
Ils l’ont relevé, donc, leur pari. Leur carte ratisse large et change au gré des saisons, raffermissant son caractère local en été, quand les terres des alentours foisonnent de légumes. Déjà, le contenu de ma coupe ne pourrait pas être plus «de proximité»: un rafraîchissant Moulin à grain (vandal-cliche) du Domaine des 3 Moulins, situé à quelques encablures. C’est la sympathique Catherine, qui assure un service prompt et enthousiaste, qui me l’a suggéré.
Chauvine, j’ai choisi en entrée le tataki de bœuf de la Ferme du Alain de Saint-Basile, mon village d’origine. Bien saisie, la viande, très tendre, est garnie de zestes de lime finement râpés et enrobée d’une croûte de sésame et de sauce légèrement sucrée aux accents asiatiques. David s’est laissé tenter par une assiette plus végétale: des légumes grillés (courgette, aubergine, poivron rouge), entre lesquels s’immiscent des morceaux de fromage haloumi également grillé. L’ensemble repose sur un lit de betteraves jaunes et est rehaussé de pacanes, vinaigre balsamique et huile d’olive. Simple, mais diablement réussi.
Belle assiette que cette nouveauté printanière de pétoncles grillés. Les trois gros mollusques sont parfaits: sous leur croûte dorée (favorisée par une cuisson au Mycryo, une poudre sans goût à base de beurre de cacao), la chair est moelleuse comme on l’espérait. Ils reposent sur un risotto aux pleurotes de Terra Thera à Grondines (en quantité généreuse!). On mêle allégrement à tout ça une sauce à la crème citronnée, en n’oubliant pas les légumes croquants: carottes, haricots verts, asperges. La cuisson du suprême de pintade est elle aussi irréprochable. La pièce est farcie d’une tartuffade (champignons et huile de truffe) bien dosée – Dieu sait si la truffe peut être envahissante. Les gnocchis maison ont été un peu trop cuits, mais leur croûte salée, gracieuseté d’un bref passage dans la poêle, compense ce petit écart.
Vanille et cardamome forment une union envoûtante dans la crème brûlée qu’on nous apporte au dessert. Plus classique, le moelleux est chocolaté à souhait et pas trop coulant. Pour faire descendre tout ça, une tisane aux deux menthes des Jardins Atsenti Auarata de Pont-Rouge. On boit autant qu’on mange local, ici.
Emballant /
Des produits frais savamment mis en valeur, des assaisonnements justement dosés, un service enthousiaste.
Décevant /
Le risotto servi brûlant.
Combien? /
Pour deux personnes, pour trois services, environ 90$ le soir, 30$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Du jeudi au samedi soir, du mercredi au vendredi midi, déjeuners les samedis et dimanches.
Où? /
Auberge Aux quatre délices
1208, route 138, Neuville
418 909-0604