Le Bureau de poste
On attend presque la neige avec impatience pour s’immerger pleinement dans l’ambiance après-ski de chalet du nouveau Bureau de poste. Mais avec ou sans manteau blanc, le gros fun est de la partie.
Violent Femmes fait trembler les haut-parleurs, des jeunes en fat pants coiffés d’une tuque éclusent des bières au comptoir, des vidéos de prouesses sur planches à neige monopolisent les écrans, des skateboards ornent les murs couverts de bois: je me croirais revenue dans un excellent party de 5e secondaire. Et j’adore – même si, soudain, je me sens vieille. La vue d’un couple de sexagénaires dégustant un mac’n’cheese me rassure: personne ne détonne au Bureau de poste, générations et styles confondus.
Avoir attendu en file sur le trottoir pendant 45 minutes – ah, le succès! – nous a ouvert l’appétit, et nous comptons bien ne pas compter, justement. Devant la carte à prix unique, soit 4,95$ pour n’importe quel plat, entrée, salade ou dessert, nous perdons un peu la tête. Nos pintes de blonde et de rousse s’amènent (dommage, il n’y a pas encore d’Okanagan Springs) tandis que nous tentons de départager ce que chacun de nous quatre commandera. L’endroit est bondé et bruyant, on se comprend mal, mais on se démêlera.
Le serveur semble douter de notre capacité à engloutir tout ce qu’il dépose sur la table. Et pourtant. J’attaque la poutine et suis très agréablement surprise de cette combinaison de frites allumettes poivrées, de sauce brune forte en bœuf et de lardons à l’érable. Je mettrais un peu plus de fromage, par contre, et moins de sel. Les tacos de bœuf garnis de laitue, auxquels on a annexé un extra de guacamole crémeuse, sont corrects, mais on leur ajouterait volontiers un peu de pep dans le soulier avec de la sauce piquante (des bouteilles de Valentina sur les tables seraient à propos). Passons sur les nachos, souffrant d’un déficit de garnitures, pour rendre hommage à la salade de betteraves, chèvre, pacanes caramélisées et mesclun, très honorable pour le prix. Intéressants, ces perogies inspirés des pierogi polonais: des raviolis frits à la pâte à base de pommes de terre, farcis de bacon, de cheddar orange, de purée de poivrons rouges rôtis et de crème sure. À l’évidence, la force en cuisine réside dans les burgers, savoureux. Le mien, aux champignons et fromage suisse, dégage un puissant goût de gril qui s’harmonise bien à la divine mayo maison, rappelant vaguement la sauce à Big Mac. La boulette albertaine est juteuse et bien assaisonnée; le pain frais, lui, est moelleux, mais croustillant sur le dessus. Le sandwich au pulled pork mérite aussi une mention, grâce à sa sauce barbecue juste assez sucrée et à la salade de choux vert et rouge qui chapeaute la viande.
Contre toute attente, nous parvenons à avaler pour le dessert quelques beignets à l’ancienne, des boules au cœur tendre passées dans le sucre et la cannelle, servies avec une sauce caramel. Alors que nous peinons à attacher nos manteaux en sortant, nous constatons qu’une file s’étire encore dehors. Il est 22h. L’avenir s’annonce beau pour le p’tit nouveau.
Emballant /
L’excellent rapport qualité-prix, l’ambiance d’après-ski, la fermeture aux petites heures et l’apport d’une nouvelle clientèle dans Saint-Roch.
Décevant /
Certaines tables vraiment serrées, quelques plats à ajuster.
Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 30$ (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
De 11h à 3h tous les jours.
Où? /
Le Bureau de poste
296, rue Saint-Joseph Est, Québec
418 914-6161