Hobbit Bistro
J’adore les surprises. Et j’en ai eu toute une récemment au sein des murs de pierre du Hobbit Bistro, établissement sans prétention du quartier Saint-Jean-Baptiste.
J’y avais mangé à cinq ou six reprises il y a quelques années, et en étais toujours ressortie indifférente, voire déçue. Pas cette fois. Les responsables: les plats, travaillés avec un soin qui leur faisait jadis défaut, et bonifiés par l’originalité et la finesse des apprêts et des agencements de saveurs. Voyez par vous-mêmes: ris de veau en croûte de parmesan avec chutney de pêches et tomates séchées; burger de saumon grillé garni de tzatziki au piment d’Espelette et d’une tapenade d’olives Kalamata; lasagne à la ratatouille, chèvre et saucisse de wapiti; carré d’agneau farci aux abricots et yogourt au romarin, servi avec une polenta grillée au cheddar fort… Bref, des classiques interprétés à la sauce créative.
Enveloppées dans le brouhaha confus des conversations, d’où s’élève souvent le refrain connu d’une chanson française, Karine et moi attaquons nos entrées dans une bonne humeur qui demeurera intacte jusqu’à notre départ. Pour elle, un tataki de canard en croûte de fenouil, extrait de l’ardoise qui change toutes les deux semaines. Cuisson maîtrisée pour le volatile, qui trouve un charmant partenaire dans un chutney de fruits séchés à la bière de glace. Le fenouil domine, mais humblement. Mes papilles s’enflamment aussi pour mon tartare de bœuf. Très relevé et généreux en menthe, qui lui apporte une fraîcheur piquante inhabituelle, il est haché fin, mais a tout de même de la texture. Un croûton, puis deux, et voilà l’assiette vide.
La suite navigue dans les mêmes eaux. La croûte beurrée au parmesan dans laquelle est pelotonné un filet de colin tendre et dodu est une merveille. À côté, un pesto d’épinards et pistaches révèle sa verte délicatesse, tandis qu’un risotto aux tomates et basilic dispute notre attention à un tian de légumes grillés. Le mijoté de lapin ravit toutefois les honneurs grâce à sa splendide sauce au calvados, dés de pommes et foie gras, riche et sucrée, à laquelle deux cuisses colorées ainsi que des choux de Bruxelles aux lardons apportent le contrepoids salé requis. En complément: un gratin dauphinois à la muscade, aux pommes de terre al dente.
Le serveur, qui a été d’une gentillesse et d’une efficacité irréprochables en plus de s’avérer un excellent conseiller en vins, réussit à me convaincre de commander le Bagdad Café. Un tour de force, moi que les gâteaux mousse ennuient profondément. Mais le praliné de celui-ci appelle les louanges, tout comme sa ganache onctueuse surmontée d’une mousse au chocolat blanc. Malgré tout, mon cœur va au mi-cuit au caramel à la fleur de sel, coulant, chaud, sucré-salé. Parfait.
Emballant /
La cuisine généreuse, précise, et souvent audacieuse. La carte des vins foisonnante et accessible, qui fait la part belle aux bouteilles entre 45 et 65$.
Décevant /
Les chaises au dossier inconfortable, qui minent l’envie d’étirer le temps.
Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 85$ le soir, 40$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Tous les jours pour le déjeuner, le dîner et le souper.
Où? /
Hobbit Bistro
700, rue Saint-Jean
418 647-2677