Installées dans la confortable salle à manger du Monte Cristo l’original, Catherine et moi ne faisons qu’une bouchée – c’est le but – de la mise en bouche qu’on vient de nous apporter: un tout petit crabcake qui libère vite son goût d’été, déposé sur une mayo au chipotle et une tranche de saumon fumé, et entouré de bâtonnets de pommes vertes. C’est tout frais, voire délicat, comme la déco partiellement refaite du resto. Toujours classe avec ses boiseries claires et ses rideaux crème qui agissent comme séparateurs, elle est désormais égayée de touches bordeaux s’incarnant dans des fauteuils à haut dossier.

Armées d’un costaud chilien (un cabernet-sauvignon de Viña Chocalan), nous attaquons le tataki de bœuf Wagyu, qui affiche la tendreté attendue, mais dont le goût se fait discret. La purée de topinambours, les champignons et les carottes noires peinent à provoquer le ravissement escompté. L’autre entrée, par contre, fait montre d’un parfait équilibre de textures et de saveurs. Il s’agit d’un effiloché de porc Berkshire (originaire d’Angleterre mais récemment introduit au Québec) dont la sauce nous rappelle le sucré des spare ribs de nos mères, servi avec des champignons sauvages, des œufs de caille pochés puis frits, ainsi que deux croustillants de chèvre chaud. «Y a de la panure partout!» s’enthousiasme Catherine. Oui, et elle s’allie fort bien au moelleux de la viande.

Le suiteur fait quelques erreurs en nous présentant les sauces de nos plats principaux, mais on ne s’en formalise pas trop. La mienne est en fait un jus aux baies de genièvre (et non d’argousier), qui nappe quatre rondelles de longe d’agneau lardée aux noisettes – plutôt effacées. Étrange choix d’assiette qui garde à l’étroit la viande et la polenta frite au thé du Labrador – une petite merveille. J’ai aussi droit à de l’épaule d’agneau braisée et effilochée aux saveurs concentrées. Catherine a jeté son dévolu sur la «paella interdite aux fruits de mer», après que le serveur, gentil et avenant, nous eut expliqué qu’elle tirait son nom de son riz noir, autrefois l’apanage des empereurs chinois – donc interdit au peuple. Une grosse crevette, une palourde, une queue de homard et un pétoncle baignent dans un bouillon de corail d’oursin (et non de homard), mais le plat manque de liant… et de goût. Notons toutefois la qualité des fruits de mer.

Les desserts, aux divers éléments éparpillés dans l’assiette, ravissent l’œil autant que les papilles. De mon côté, trois petites «tours» de gâteau mousse chocolat praliné, avec une glace citron-rhum et un divin coulis de mangues et fruits de la passion. De l’autre, un biscuit Joconde et mousseline au citron, un sorbet aux framboises, un crumble aux pacanes et des poivrons confits. Je ne sais plus à quel plat me vouer.

Emballant /

Les produits de qualité bien mis en valeur, les jeux de textures et le service de garde gratuit (sur réservation).

Décevant /

Un manque d’assaisonnement occasionnel et l’assiette trop petite pour le duo d’agneau.

Combien? /

Pour trois services, pour deux personnes, 135$ le soir, 70$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).

Quand? /

En tout temps côté MC Lounge, du jeudi au samedi soir dans la salle à manger du MC L’Original.

Où? /

Monte Cristo L’Original

Le Bonne Entente

3400, chemin Sainte-Foy, Québec

581 317-0039

lebonneentente.com