Bistro B
B pour bonheur? Possiblement. François Blais continue d’en distribuer au Bistro B, son sympathique resto de l’avenue Cartier.
La salle aux murs noirs bourdonne du bruit de conversations animées. Assis au comptoir qui cercle la cuisine, David et moi observons les quatre cuisiniers s’activer à cuire de colossales côtes de bœuf, à enrober des pâtes de sauce et à dresser des dizaines d’assiettes. Notre regard dérive vers l’ardoise au-dessus de nos têtes: six entrées et six plats se disputent nos préférences. Tartine de foie gras, carré d’agneau, gigue de cerf, morue? La tablette numérique contenant la liste des vins atterrit devant nous, et les conseils de l’efficace serveur nous convaincront d’opter pour un cabernet franc Unita du vignoble Colaneri de Niagara. Costaud, sur la prune, il se mariera bien aux mets contenant des champignons, promet-il.
Il y en a dans mon tartare de bison, sous la forme d’une huile de cèpes – moins envahissante que l’huile de truffe. La coupe est impeccable et la viande tendre, mais tout de même, le goût de l’huile finit par s’imposer au détriment du bison, d’ordinaire loin de manquer de personnalité. Quelques pousses, une mayo maison au piment d’Espelette et deux croûtons complètent cette entrée simple. À côté de moi, David cogne aux portes du nirvana grâce à ses ris de veau, un petit et un gros. Ils sont fantastiques, car croustillants juste ce qu’il faut. La discrète friture laisse toute la place à la saveur corsée des ris, tendres en même temps que consistants sous la dent. Les escortent une sauce au poivre vert tout en délicatesse, ainsi que des gnocchis, du céleri cuit et des noisettes qui forment une fabuleuse alliance, où pointe avec brio l’acidité du légume. On en redemanderait à l’infini, de ce plat.
Je poursuis dans la veine champignons avec les pâtes à la cuisse d’oie confite et armillaires. Al dente, les rigatonis baignent dans une sauce crémée à base de jus de cuisson et sont garnis de ciboulette et d’oignons verts. C’est simple, onctueux, délicieux. Mais ce qu’on retient surtout, c’est la saveur franche et viandeuse de l’oie, qui s’exprime sans mal. Un plat parfait de la fin de novembre. La costaude côte de bœuf (presque un demi-kilo!) prend ses aises dans l’assiette de David, laissant peu de place aux accompagnements, plutôt simples: quelques haricots verts, des pleurotes et des lardons. La sauce au romarin et bacon apporte la touche salée nécessaire sans s’imposer.
Je troque les champignons contre le citron pour une finale qui s’avérera sans fausse note. Dans ce dessert qui s’étale en longueur (c’est la mode), de petits sablés au citron s’acoquinent à une crème aux pistaches, à des morceaux d’ananas au poivre, à de la crème glacée à la vanille maison et à d’indécentes meringues roulées dans la noix de coco râpée. Fraîche, pas trop sucrée, cette pépite de bonheur compte sur une très chouette alliance de saveurs et de textures. Et ne fait pas long feu.
Emballant /
Une cuisine goûteuse qui ne fanfaronne pas, faite de produits de qualité, aux cuissons et assaisonnements maîtrisés.
Décevant /
Le serveur qui emporte mon dessert sans me demander si j’ai terminé, alors qu’il me restait une précieuse bouchée bien calculée.
Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 110$ le soir, 45$ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Tous les soirs, le midi en semaine, brunchs le week-end.
Où? /
Bistro B
1144, avenue Cartier
418 614-5444