Le Projet
Si Limoilou a sa Souche, Saint-Jean-Baptiste a maintenant son Projet: un hybride de resto et de bar spécialisé dans les bières de microbrasserie, et dont la carte amalgame fritures et plats sains.
En cette heure du souper pré-Red Bull Crashed Ice, c’est plein au Projet, nouveau resto-pub de la rue Saint-Jean qui se fait un honneur de verser des bières produites chez nous. Nous prenons place au comptoir, sur des tabourets dont les coussins ne lèveraient sûrement pas le nez sur un recouvrement (la cuirette hésite entre la couleur peau Crayola et le rose saumon). Le local plus que centenaire a de la gueule, ne vous y trompez pas – entre autres grâce aux nombreuses moulures ouvragées qui ornent son plafond. Il manque seulement un petit rafraîchissement pour que la salle ait tout le panache dont elle semble capable.
Parmi les proprios, on compte ceux qui tiennent les rênes de La Duchesse d’Aiguillon, célèbre dépanneur du quartier spécialisé en bières d’ici et d’ailleurs. La carte à boire promet! Elle réunit divers microbrasseurs, en fût ou en bouteille: Frampton Brasse, Dunham, Brasseurs illimités, Dieu du ciel, Corsaire… Le Trou du Diable est bien représenté aux pompes, et remporte notre vote: David choisit La Chose (une bière entre la scotch ale et l’IPA que notre sympathique serveur lui a préalablement fait goûter), et moi La Pitoune (une pilsner rafraîchissante).
Le menu est encore en rodage, mais pour le moment, les plats vont à peu près comme suit: chili, nachos (en format «El-gros» et «El-ti»), burger, tartare de saumon, rouleau de printemps, poutine, fish and chips et grilled-cheese géant (fait avec du pain du Paingruël et du jambon de L’Artisan charcutier; deux morceaux de robot pour la solidarité entre voisins).
Sur fond sonore de Black Rebel Motorcycle Club, nous entamons nos entrées. Tartare de saumon pour moi, salade de betteraves pour David. Le tartare est finement détaillé, mais trop noyé dans la mayo, qui n’est cependant pas mauvaise du tout. Le problème réside dans le ratio. Les croûtons sont bien huilés et craquants, et des câpres frites donnent du croustillant à la salade d’accompagnement. Du côté de David, un lit de romaine supporte de gros morceaux de betteraves jaunes, diverses noix grillées, du fromage de chèvre à la crème et des «pépites» de chèvre frit qui apportent une touche de salé. C’est réussi. Et c’est énorme.
Ma faim n’est presque plus qu’un souvenir lorsque je reçois mon fish and chips. Courage! Les deux gros morceaux d’aiglefin sont enserrés dans une panure tempura à la bière blanche, légère et croustillante. Le poisson est parfaitement cuit, tout comme les frites, bien dorées. La trempette, assez liquide, goûte les cornichons à l’aneth (bonheur!). Dans l’énorme burger de David s’empilent une boulette juteuse, du bacon de la ferme Turlo, une mayo au chipotle et une flopée de cornichons à l’aneth (re-bonheur!). Une pinte de cidre l’aide à faire descendre tout ça… surtout qu’il a demandé qu’on mute sa frite en poutine. Celle-ci est garnie de chair effilochée de côtes levées; leur sauce BBQ à base de bière rousse nappe les frites et le fromage qui «couique».
On s’enquiert des desserts, pour la forme. Il n’y en a pas, nous répond le serveur. Tant mieux. Ça aurait été presque dangereux – et assurément gênant – de tenter d’avaler autre chose.
Emballant /
Le choix de bières, l’excellent burger, l’ambiance pub relax et animée.
Décevant /
Un coup de frais à la déco, et cette salle sera splendide.
Combien? /
Pour une entrée et un plat, pour deux personnes, 30$ le midi et 35$ le soir (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
Du mardi au dimanche dès 11h30.
Où? /
Le Projet
399, rue Saint-Jean, Québec
418 914-5322
Je suis à la fois natif (et résident) de Québec et amateur invétéré de bières de microbrasseries, alors après être passé pendant plusieurs mois devant Le Projet en me disant toujours « ouais, un jour, faudrait ben que j’essaie ça », nul besoin de vous dire que mes attentes étaient aussi grandes que mon amour des bières québécoises le jour où j’ai franchi les portes de cet établissement.
Malgré toute ma bonne volonté, force est d’admettre que « Le Projet » est une authentique « trappe à touristes » qui s’adresse aux gens qui veulent boire autre chose qu’une Boréale ou une bière d’Unibroue (Français qui lisez cette critique, substituez ceci par 1664, Kronenbourg et Amstel), mais qui ne connaissent pas vraiment le marché des bars à bière… et qui seront assez « pompettes », après deux bières, pour apprécier à peu près n’importe quelle bière et nourriture, aussi quelconque soient-elles!
Laissez-moi vous expliquer pourquoi mon jugement est si dur et implacable.
Ma conjointe et moi arrivons au « Projet » autour de 17h. Aucune affluence à cette heure, donc, aucun prétexte pour un mauvais service. Nous commandons chacun une bière dès l’arrivée. Puisque je commande une bière forte (un vin d’orge de la micro « Le Castor »), je demande si on la sert en verre et/ou en pinte, car plusieurs bars de Québec (La Souche, La Korrigane et la Voie Maltée) servent les bières fortes en verre seulement. À ma question, la serveuse répond avec assurance : « Les deux! En verre et en pinte! ». Je commande donc une pinte, mais on me sert… un verre, ou plutôt un ballon de 13 oz. (j’en ai assez bu pour savoir à l’once près ce qu’on me sert)! Je me dis que c’est une bête erreur et qu’on me facturera probablement un verre au lieu d’une pinte, tout simplement, mais je commence à douter voyant qu’AUCUN prix ni AUCUNE information sur les verres, ballons et pintes ne sont inscrits sur le tableau des bières. Qu’importe… passons.
Un peu plus tard, notre repas arrive. Ma conjointe prend un tartare de saumon qu’elle juge « tout à fait correct », et pour ma part, je prends un nachos, car je me dis qu’on ne peut pas vraiment rater un plat si simple. C’est ma « mesure étalon », en fait : quand je vais dans un bar à bières pour la première fois, je prends un nachos pour juger du reste du menu, car je crois sincèrement qu’il faut être vraiment nul pour manquer une « recette de crissage » (excusez ma vulgarité) où on lance aléatoirement, sur un lit de chips, un ramassis de salsa, guacamole, olives, fromage et autres inspirations du moment. Vous ne me croirez pas, mais z’ont réussi à rater un nachos! Un tas de chips, une quantité infinitésimale de fromage deux couleurs (fromage orange = hein?!?!? z’avez trouvé une vache qui donne du lait orange, vous autres?), quelques olives, une « salsa » qui était, en fait, des cubes tomates et des bouts d’oignons verts, quelques olives « en canne » (en conserve, pour les Français qui liront cette critique), de la crème sûre et une « guacamole » qui n’était, au final, que des avocats en purée sans tomate, sans oignons, sans coriandre, sans jus de lime, sans sel… sans goût, bref.
Pas nécessaire de vous dire qu’une fois que j’ai eu mangé les 10 chips sur lesquels il y avait un soupçon de semblant de simulacre de quasi-fromage, il ne me restait que des chips sèches, trois olives rabougries, une tonne de crème sûre et des avocats-en-purée-qu’on-essaie-de-faire-passer-pour-une-guacamole. Et tout ça pour 14 $… quelle merde! Vous devinez que j’ai dû souper à nouveau en sortant de ce resto, j’imagine.
Comble du mépris : pendant que je mangeais ce ramassis de bran de scie infect qu’on m’a vendu comme un nachos, on m’a aussi vendu une autre « pinte ». Eh oui! J’ai commandé, très clairement, « une PINTE (en insistant sur le mot PINTE) de Vache Folle Double IPA », et la serveuse m’a apporté un grand verre élancé de 14 ou 16 oz. (j’hésite), mais ce n’était pas une pinte qui, juste pour l’information des proprios du Projet, contient 20 oz. Nos voisins de table, qui buvaient des bières douces, avaient des pintes de 20 oz., mais ceux qui commandaient des bières fortes se faisaient, tout comme moi, vendre des « pintes » qui étaient, au final, des ballons de 13 oz. ou des verres de 14 ou 16 oz (je n’avais pas de tasse à mesurer, bien sûr, mais je sais que ces verres n’excédaient pas 16 oz.)
Bref, tout est là : la malhonnêteté de faire passer des verres pour des pintes, la malhonnêteté de ne PAS afficher clairement la quantité et le prix des bières au menu, et la bouffe absolument générique, aseptisée, quelconque et vulgaire qu’on nous sert pour clore l’expérience. Ce restaurant est une authentique attrape-touriste dans laquelle je regrette amèrement d’être tombé comme un débutant, moi qui ai exploré à peu près tous les bars à bières et toutes les microbrasseries du Québec (ou presque) tellement je suis un amateur invétéré de nos bières québécoises!
Et juste en passant, proprios du Projet, à vous qui m’avez facturé 8,25 $ (auquel il faut ajouter 1 $ de pourboire) pour un VERRE de bière, sachez que dans toutes les microbrasseries que j’ai visitées au Québec, seule les Brasseurs du Temps, à Gatineau, facturaient plus cher que vous… mais au moins eux, comme excuse, peuvent disent qu’ils brassent leurs bières eux-mêmes, alors que vous, vous les vendez, mais ne brassez rien d’autre que du « gros cash » fait sur le dos des gens qui tombent dans votre panneau touristique!
Lecteurs et touristes, si vous m’avez VRAIMENT lu jusqu’à la fin, bravo… et voici quelques suggestions 1000 fois meilleures que Le Projet, tant côté qualité que côté prix. Comme resto : n’importe quoi d’autre que McDo, Ashton et St-Hubert fera l’affaire. Comme microbrasserie ou bar à bières, je vous suggère « Le bateau de nuit » (275 rue St-Jean), dont les prix et le service sont imbattables, mais aussi « La Souche » (801 Chemin de la Canardière), qui a l’honnêteté d’afficher ses prix clairement et qui ne facture pas les yeux de la tête pour n’importe quoi. Ailleurs qu’à Québec, alors là, le choix est vaste : Dieu du Ciel, Pub Brouhaha, Vices et Versa, Benelux, Le St-Bock (Montréal), Le Trou du Diable (Shawinigan), Microbrasserie Charlevoix (Baie-St-Paul), Les Trois Mousquetaires (Brossard), À l’abri de la tempête (Iles-de-la-Madeleine), Le Bilboquet (et son incroyable MacKroken Flower, à St-Hyacinthe)… et j’en passe. Bref, il y a tellement de gens qui ont tellement de talent et de goût que RIEN ne vaut, sous aucun prétexte, un arrêt au « Projet »!