Sel gras
Chose promise, chose due. Sel gras est une ode à une cuisine riche et parfois délicieuse.
Sel gras s’est d’abord fait connaître comme le resto à la vie la plus courte. En septembre dernier, il passe au feu quelques jours après son ouverture. Mais la jeune équipe n’abandonne pas. Et maintient ce nom quelque peu provocateur, aux antipodes du discours des nutritionnistes sur la saine alimentation. Provocatrice, cette cuisine? Beaucoup moins. Le chef Marco Santos propose plutôt un menu intéressant et original à l’accent parfois portugais. Avec ses compères, il a transformé l’ancien BU en bistro simple, relax et sans prétention.
Au menu
Une douzaine de propositions sont au menu, c’est simple, mais les assiettes sont bien remplies, solides et débordent d’ingrédients. La merguez trône sur un lit d’hummus et de ratatouille, nappée d’une émulsion de noix de pin et décorée de copeaux de bellavitano, un fromage du Wisconsin proche du parmesan, en plus jeune et plus soyeux. Le serveur tient à nous préciser que la saucisse vient de la boucherie d’à côté, celle du compétiteur Lawrence. Étrange choix.
Bien appréciée aussi, la pieuvre grillée, tendre, est servie avec purée d’haricots rouges, pesto de choux frisé, oignons marinés et vinaigrette au poivron rôti et chorizo. Un peu compliqué, cependant. Sur le même thème surf & turf, osé, le calmar farci aux pétoncles s’accompagne d’un risotto aux herbes et d’une vinaigrette au canard confit. Pas mal. Le tartare de thon, par contre, pèche par richesse. Le poisson est complètement perdu dans cette sauce crémeuse d’avocat et d’oeufs de poisson.
Côté plats, retenons cette généreuse réinterprétation du classique bitoque, une côte de boeuf grillée servie parfaitement, médium saignant, avec mini carottes, topinambours, choux de Bruxelles, sauce vin rouge, boudin et bien sûr, oeuf au plat. La joue de porc, tendre, s’égare un tantinet dans son ragoût de lentilles aux légumes racines, chorizo, pommes (pourquoi?) et graines de moutarde marinées. Même défaut pour la morue noire marinée au miso et tamarin, noyée dans une purée de panais, de shiitakes sautés, de pommes de terre frites en allumettes et de choux de Bruxelles. C’est bon, mais un peu fouilli!
Douceurs
Les quatre convives étaient partagés: la panna cotta au chocolat au lait avec sa crème de banane et arachide salée, tout comme la «boule de Berlin» (un beigne frit farci d’une crème pâtissière) nappée d’une sauce au chocolat et d’un coulis framboise ont séduit nos invités. Pour ma part, je les ai trouvés bien peu subtils.
Emballant
Cette cuisine roborative a ses adeptes. Après 24h de jeûne, elle devrait remplir la panse et délecter les papilles. Rien à reprocher aux cuissons et les saveurs sont bien au rendez-vous. Le service est agréable et informé. La carte des vins, d’importation privée, est bien fournie.
Décevant
Les assiettes débordent. L’abondance d’ingrédients et de sauces rendent les plats parfois confus, à l’allure brouillonne. Puis on s’étonne de ne trouver aucun vin portugais sur la carte, alors que le menu fait un joli clin d’oeil à cette cuisine. Curieux!
Combien ?
Préparez une cinquantaine de dollars par convive pour un repas complet, un rapport qualité/prix plutôt moyen.
Quand ?
Tous les jours, de 18h à 23h. Brunch les fins de semaine.
Où ?
Sel gras
5245, boul. St-Laurent, Montréal
514 564-1090