Rétrospective restos : Les ouvertures les plus marquantes de 2015
Alors qu’un nombre impressionnant d’établissements (Au Cinquième Péché, Van Horne, Les Trois Petits Bouchons, Cocagne, Grenouille, Cavalli…) ont encore tiré leur révérence cette année, une dizaine de nouveaux joueurs prometteurs sont entrés dans la danse. Cap sur cinq d’entre eux.
Montréal Plaza (6230, rue Saint-Hubert, 514 903-6230)
Le restaurant dont on a le plus parlé cette année est sans doute le bébé de Charles-Antoine Crête et de sa complice Cheryl Johnson. Après des périples professionnels en Thaïlande (pour elle) et autour du monde (pour lui), les deux vétérans du Toqué! ont fait le choix pour le moins surprenant de déposer leurs chaudrons sur la Plaza St-Hubert. Bien que le décor du resto soit tout aussi insolite que son emplacement, c’est du sérieux qu’on retrouve dans les assiettes, car, aussi coloré soit-il, Charles-Antoine ne plaisante pas avec la qualité de ses plats. Une carte soignée composée de classiques du Toqué! ainsi que de mets variant au gré des saisons et de l’inspiration des chefs.
Le Mousso (1023, rue Ontario Est, 438 384-7410)
Le Mousso, c’est Antonin Mousseau-Rivard, ancien chef propriétaire du Contemporain, la feue table du Musée d’art contemporain. Dans une ancienne imprimerie centenaire, le jeune chef de 31 ans et son équipe ont imaginé un restaurant au look industriel sur deux étages: la salle à manger à l’étage supérieur et la cuisine ouverte au sous-sol. On peut d’ailleurs jeter un coup d’œil curieux à la brigade à l’ouvrage en se rendant aux toilettes. Sur les murs, des toiles de son grand-père, le peintre Jean-Paul Mousseau. Antonin s’inspire d’ailleurs beaucoup de ce dernier dans la conception de ses assiettes. Celles-ci, minimalistes et jouant avec les couleurs et les textures, témoignent d’une grande sensibilité artistique et d’un flagrant goût de la beauté. Malgré la sobriété de la déco, l’espace est invitant et convivial avec grandes tables communautaires et musique rap en trame sonore.
Soubois (1106, boulevard De Maisonneuve Ouest, 514 564-3672)
Après une opulente ouverture lors du Grand Prix de Montréal et un été de rodage résolument réussi, on peut affirmer que le dernier projet de la prolifique famille Brûlé-Brosseau (Les Enfants terribles, L’Auberge Saint-Gabriel, le Flyjin) a fait ses preuves et qu’il est, comme promis, bel et bien enchanté. Sis dans un lieu iconique de la restauration montréalaise (abritant jadis le bar Peel Pub et le club Copacabana), l’autoproclamée forêt souterraine vous reçoit dans un décor rien de moins que spectaculaire. La cuisine, fraîche et saisonnière, célèbre le terroir canadien et ses produits sauvages sous la main de chef de Guillaume Belisle Daly et de son mentor et ami S’Arto Chartier-Otis.
Les Fillettes (1226, avenue Van Horne, 514 271-7502)
Dur d’imaginer plus gros défi pour un restaurateur que celui de reprendre une institution de quartier comme l’était le Paris Beurre pour la délicate clientèle d’Outremont depuis 30 ans. C’est pourtant le défi qu’a relevé un ambitieux groupe de jeunes hommes issus dudit Paris Beurre et du traiteur Pas de cochon dans mon salon. Pourquoi s’appeler Les Fillettes, dans ce cas? Il s’agit en fait du nom du format de bouteille de vin de 250 ml. Car le vin est roi aux Fillettes, avec une carte audacieuse faisant la part belle aux produits naturels et aux importations privées. Côté chère, on se plaît à partager plusieurs savoureux petits plats aux prix particulièrement abordables pour le secteur.
Provisions 1268 (1268, avenue Van Horne, 514 508-0828)
Un peu plus loin sur Van Horne, un second établissement tente de remporter un pari similaire à celui des Fillettes. Ouvert depuis la mi-août, Provisions 1268 espère chausser les grandes pointures de son prédécesseur, le très estimé restaurant Van Horne. Décidément, les choses bougent à Outremont. Le petit espace de 25 places s’avère intime et le service, attentionné. Développé par un trio de jeunes gens du milieu (dont Hakim Rahal qu’on a connu au Laurie Raphael Montréal durant deux ans), le concept ludique propose aux convives de choisir les ingrédients qui leur plaisent sur un menu dressé à la manière d’une liste d’épicerie, laissant ensuite la liberté à la cuisine d’en disposer à sa guise. Reste à voir s’il suscitera plus d’émoi que le Van Horne qui, bien qu’étant encensé par les critiques, n’a pas su susciter l’achalandage nécessaire à sa pérennité.